La politique de démantèlement de l’Etat fédéral menée par le duo Trump-Musk rencontre quelques résistances. Un juge américain a bloqué, jeudi 13 février, le gel pour quatre-vingt-dix jours du versement des fonds d’aide humanitaire et au développement (Usaid), ordonné à la fin de janvier par Donald Trump, selon une décision de justice obtenue vendredi par l’Agence France-Presse (AFP). Par cette décision, le locataire de la Maison Blanche souhaitait opérer un vaste réexamen des programmes.
Le juge Amir Ali interdit aux différents organes de l’administration américaine « de suspendre, cesser, ou entraver l’obligation de décaissement des fonds d’aide humanitaire internationale liée à des contrats, subventions, accords de coopération, prêts (…) en vigueur au 19 janvier 2025 », la veille du décret pris par le président américain.
Le jugement pris jeudi concerne des « contrats, subventions, accords de coopération, prêts (…) en vigueur au 19 janvier 2025 », veille de l’entrée en fonction de M. Trump. L’agence américaine de l’USAID gère un budget de 42,8 milliards de dollars, qui à lui seul représente 42 % de l’aide humanitaire déboursée dans le monde.
Donald Trump a signé un décret le jour de son investiture le 20 janvier, ordonnant un gel de l’aide étrangère des Etats-Unis pour quatre-vingt-dix jours, le temps d’un réexamen complet de celle-ci afin de juger de sa conformité avec la politique qu’il entend mener notamment contre les programmes favorisant l’avortement, le Planning familial ou encore prônant la diversité et l’inclusion.
Séisme dans le milieu des ONG
« L’objectif déclaré de la suspension de toute aide étrangère est de fournir la possibilité de réexaminer les programmes (…). Cependant, jusqu’à présent, les défendeurs [l’administration américaine] n’ont fourni aucune explication sur les raisons pour lesquelles une suspension générale de toute l’aide étrangère (…) était un préalable nécessaire à cette révision », écrit dans sa décision le juge désigné par Joe Biden, le prédécesseur démocrate de Donald Trump.
Saisi par deux organisations regroupant des entreprises, des associations et d’autres bénéficiaires des fonds d’aides américains, le juge a aussi décidé d’empêcher l’administration de résilier des accords ou contrats en cours au 19 janvier.
Le gel de l’aide américaine et le démantèlement attendu de l’agence américaine qui l’organise, l’Usaid, ont provoqué un séisme pour de nombreuses ONG dans le monde entier tant les fonds américains sont importants à l’échelle planétaire pour l’aide internationale. Par exemple, en Amérique latine, où ces fonds avaient pour objectif de lutter contre le narcotrafic, la corruption ou les inégalités, le gel « paralyse » déjà de nombreux programmes et risque d’affecter des millions de personnes, préviennent spécialistes et ONG.
L’ONG française Action contre la Faim (ACF) a affirmé mercredi avoir dû suspendre cinquante de ses projets à travers le monde tandis l’ONG norvégienne Norsk Folkehjelp, spécialisée dans les opérations de déminage, va réduire ses effectifs de plus de moitié et licencier 1 700 employés dans douze pays.
Donald Trump estime, dans son décret du 20 janvier que « l’industrie de l’aide étrangère et la bureaucratie des États-Unis ne sont pas alignées sur les intérêts américains et, dans de nombreux cas, contraires aux valeurs américaines. Elles servent à déstabiliser la paix ». Il accuse l’Usaid de malversations, affirmant que « la corruption » y atteint « des niveaux jamais vus », sans étayer son propos, et entend réduire ses effectifs de près de 90 %.
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Le nouveau secrétaire à la santé, Robert F. Kennedy Jr., a déclaré que l’Usaid était devenue un « sinistre propagateur du totalitarisme », tandis qu’Elon Musk a afirmé qu’il fallait la passer à la « broyeuse ». Dans un rapport publié lundi, l’Usaid, sous la supervision de l’inspecteur général Paul Martin, responsable de la surveillance de l’agence américaine, affirmait que les projets du gouvernement rendaient incertain « la sauvegarde et la distribution des 8,2 milliards de dollars de l’Usaid en fonds d’aide humanitaire engagés mais non décaissés » du fait de la suspension des programmes. Paul Martin a été limogé après la publication de ce rapport.