L’acteur américain de légende fait pour la première fois une infidélité au cinéma dans une mini-série prête à vous cueillir dès ce jeudi 20 février sur Netflix.
La star de 81 ans incarne un ancien président contraint de revenir à la vie publique pour identifier les auteurs d’une cyberattaque ayant tué plus de 3000 personnes aux États-Unis.
Un thriller politique nerveux qui se déguste épisode par épisode, loin des habitudes du visionnage à la chaîne.
Les coups sur sa porte se font de plus en plus pressants. Lui fouille tout ce qu’il peut de manière effrénée. Son coffre-fort, les livres de sa bibliothèque. Tout. Mais que peut bien chercher George Mullen ? La réponse se fera attendre. Car la scène suivante rembobine trois jours plus tôt pour ce que les Américains appelleront le Zero Day. En informatique, cette expression désigne la faille d’un système d’exploitation jamais observée auparavant dont profitent les hackeurs. Un terme qui sert aussi de titre à la nouvelle pépite de Netflix suivant les conséquences d’une cyberattaque sans précédent qui n’a épargné aucune zone aux États-Unis.
Une difficile quête de vérité
Il a suffi d’une coupure totale d’une seule minute, électricité et systèmes de communication et transport compris, pour semer le chaos et provoquer la mort de 3402 personnes. « Ceci se reproduira », promet un message envoyé sur tous les téléphones du pays. Impuissante face à ce compte à rebours menaçant, la Maison-Blanche dépêche ses meilleurs experts. La présidente Evelyn Mitchell (Angela Bassett) force l’un de ses prédécesseurs à sortir de sa retraite médiatique. George Mullen (Robert De Niro) est nommé à la tête d’une commission autorisée à agir hors des rails de la sacro-sainte Constitution pour identifier les coupables au plus vite. Salvateur ou dévastateur ?
L’idée de Zero Day est née d’une discussion entre deux journalistes et amis de longue date. Reporter au New York Times, Michael Schmidt a reçu le prix Pulitzer. Noah Oppenheim a été président de la chaîne NBC News avant de devenir scénariste à Hollywood. Son association à l’écriture avec Eric Newman, aux manettes des fantastiques Narcos et Griselda, fait des étincelles en accouchant d’un monstre. Un « thriller tiré de la réalité » selon ses auteurs, eux aussi rattrapés par les évènements qui se sont produits dans la foulée hors caméra.
Comme cette place prépondérante gagnée outre-Atlantique par certains milliardaires qui s’autorisent à peu près tout et n’importe quoi avec le gouvernement en place, à l’image de ce qui se joue aussi dans la série Paradise sur Disney+. « Je ne peux pas dire que nous avions prévu quoi que ce soit, c’est simplement ce qui s’est passé », assure Eric Newman. Sous la direction de Lesli Linka Glatter, réalisatrice de Homeland et The West Wing, la tension grimpe à chaque rebondissement – nombreux ! – jusqu’à un dénouement qui alimentera bien des débats. Ces six épisodes, entre New York et Washington, se dégustent plus qu’ils ne se dévorent tant ils viennent questionner des concepts fondateurs, du pouvoir à la vérité. Une notion clé à l’ère de la désinformation à grande échelle au sien de la sphère complotiste.
Actuellement, notre monde est bien plus effrayant
Actuellement, notre monde est bien plus effrayant
Robert De Niro
« Actuellement, notre monde est bien plus effrayant », résume Robert de Niro dans les notes de production. La légende hollywoodienne aura attendu de passer les 80 ans pour se laisser tenter par la première série de sa riche carrière, dont il est aussi l’un des producteurs. Il n’y avait que lui pour incarner avec force et bonhomie cet éléphant politique qui, même s’il a été brisé par un drame personnel, est resté un symbole de stabilité dans un pays au bord du précipice.
Thriller politique nerveux, Zero Day glisse aussi du côté du drame psychologique où toutes les relations sont compliquées. Et où l’ancien président n’est pas tout à fait en accord avec lui-même. « George Mullen entend de la musique qui n’est pas jouée, il voit des choses qui n’existent pas. Son état mental est au cœur de la série. Il peut être dû à la fatigue, au stress, à la culpabilité, à l’âge« , détaille Eric Newman. « Suivre un personnage qui ne peut pas faire confiance à ce qu’il voit et à ce qu’il entend nous a semblé être un point de départ incroyablement puissant pour mettre en scène quelqu’un qui est à la recherche de la vérité », ajoute-t-il.
Dans sa quête complexe, Robert De Niro est entouré d’une distribution ahurissante qui réunit la fine fleur de Hollywood. Il collabore pour la troisième fois avec le brillant Jesse Plemons (Killers of The Flower Moon), qui incarne Roger Carlson, l’ancien homme de confiance de Mullen pas toujours très clean. Lizzy Caplan (Masters of Sex) interprète sa fille Alexandra Mullen, élue du Congrès qui sera chargée de surveiller de près sa commission aux pleins pouvoirs.
La trop discrète Joan Allen, nommée trois fois aux Oscars, revient sur les écrans pour la première fois en quatre ans dans le rôle de Sheila Mullen, l’ancienne First Lady. Matthew Modine (Full Metal Jacket, Stranger Things), Dan Stevens (Downton Abbey) et Angela Bassett (nommée aux Oscars pour Black Panther 2) complètent cet impeccable casting. Souvent critiqué sur ses fictions sans saveur destinées à alimenter son algorithme, Netflix débute 2025 avec l’une de ses productions les plus ambitieuses à ce jour. L’une des plus réussies aussi.
>> Zero Day – six épisodes d’une heure, actuellement sur Netflix