C’était il y a presque dix ans. Adeline Dieudonné traversait ce qu’on n’appelait pas encore une crise d’écoanxiété. Un ami l’a encouragée à écrire. Son premier texte commençait par ces mots : « J’ai 33 ans et deux enfants. » Comment n’aurait-elle pas mentionné ses filles dès la première phrase ? « De 25 à 33 ans, je n’ai fait que ça, m’occuper d’elles, dit-elle aujourd’hui. Je prenais conscience du monde dans lequel j’avais mis mes filles, et je ne savais pas quoi faire de cette terreur. L’écriture a été l’endroit où déposer ces inquiétudes. » La romancière belge, autrice de La Vraie Vie (L’Iconoclaste, 2018) et, plus récemment, du roman Reste (L’Iconoclaste, 2023), vit à Bruxelles avec, une semaine sur deux, ses filles Zazie et Lila, aujourd’hui 17 et 11 ans.
La première fois que vous vous êtes sentie mère ?
Bizarrement, au moment où ma première fille est rentrée à l’école, quand j’ai commencé à remplir des formulaires qui disaient « maman de… ». Ce n’est pas que je n’en avais pas conscience jusque-là, mais j’avais parfois l’impression d’avoir un petit animal à la maison qui serait un prolongement de moi-même, que j’avais beaucoup allaité, beaucoup tenu dans mes bras. Avec l’école, j’ai eu l’impression de devenir mère de façon un peu officielle.
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