Si loin, si proche. Kiev a un dilemme avec la guerre. Il y a des lieux et des moments où l’on pourrait presque oublier que la ville est la capitale d’un pays ravagé par un conflit armé. Des îlots de quiétude ou de fêtes endiablées, qui parfois choquent ou du moins surprennent les combattants de retour du front, de passage pour un repos de trois jours ou pour soigner une vilaine blessure. Certains sont stupéfaits de découvrir leurs copines sortant d’un salon de beauté et passant l’après-midi dans un café. Surpris aussi de constater qu’à côté d’elles, de jeunes hommes continuent de vivre, sans songer à prendre une arme pour défendre le pays.
Kiev est passée, en trois ans, d’une capitale avec des colonnes de tanks russes à ses portes à la ville la mieux protégée du pays, grâce aux systèmes de défense anti-aérienne. Une ville où les enfants vont à l’école, leurs parents au travail et où, le week-end, les jeunes vont danser dans les clubs de techno tel que le légendaire K-41 ou le Closer, tandis que les amoureux déambulent dans les parcs sans trop se soucier des sirènes d’alerte.
Le dilemme de Kiev avec la guerre n’est plus le même qu’avant l’invasion russe de février 2022, quand la capitale était accusée de détourner les yeux du conflit dans le Donbass, qui a commencé en 2014. Depuis que Moscou en a fait, il y a trois ans, la cible prioritaire de sa tentative de conquête de l’Ukraine, Kiev se sait menacé. Le fait que l’assaut initial russe, du 24 février au 2 avril 2022, ait échoué après cinq semaines de bataille ne signifie pas que Kiev n’est pas une ville en guerre. Et si elle devait s’égarer à l’oublier, Moscou veille à le lui rappeler lors de ses fréquentes tentatives de bombardements nocturnes.
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