« Je n’ai pas pu faire encore mon deuil. Depuis deux ans, je me consacre à 100 % à ce combat pour que justice soit faite pour la mémoire de ma fille et de tous ceux qui sont morts injustement dans cet accident ferroviaire », confie, émue, Maria Karystianou, la présidente de l’association des familles des victimes de la pire catastrophe ferroviaire de Grèce qui a fait 57 morts le 28 février 2023. Enchaînant les interventions sur plateaux télévisés, au Parlement européen et dans les universités, cette mère endeuillée, aux traits tirés, veut des réponses sur le drame qui lui a pris son enfant.
Cette nuit de 2023, un train de passagers reliant Athènes à Thessalonique, la deuxième ville du pays, percute un convoi de marchandises, à 350 kilomètres au nord d’Athènes, près de la vallée de Tempé, à Larissa (centre). Les circonstances de l’accident font scandale. Pendant dix-neuf minutes, les deux trains avaient circulé sur la même voie mais en sens inverse sans qu’aucun système d’alarme soit déclenché avant la collision.
Délaissé et démantelé depuis la crise financière (2010-2018), le réseau ferroviaire grec ne disposait pas d’un dispositif automatisé, et plus précisément du Système européen de contrôle des trains alors que des appels d’offres avaient été conclus et qu’il aurait dû être mis en place. Ni les clignotants, ni les feux de signalisation, ni le contrôle électronique du trafic ne fonctionnaient, et les chefs de gare n’avaient même pas de talkies-walkies pour communiquer. L’accident a été très vite imputé par le premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotalis, à une « erreur humaine », celle surtout du chef de la gare proche de Larissa.
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