Dans les cercles familiaux et amicaux, les surnoms sont monnaie courante : « mon chéri », « mon lapin », « mamounette »…
Ils créent un lien particulier entre celui qui le prononce et celui qui le porte.
Toutefois, les surnoms, pas toujours affectueux, peuvent se transformer en sobriquet.
Nous portons un prénom et, bien souvent, une ribambelle de surnoms qui varient selon les personnes, notre âge et le contexte. Certains sont affectueux, d’autres affirment notre position sociale ou soulignent un défaut, mais ils ont tous une signification sur la manière dont on nous perçoit. Plusieurs experts en psychologie ont analysé l’origine de ces surnoms et leur impact sur notre personnalité.
Surnom ou sobriquet : quelles différences ?
La différence entre surnom et sobriquet tient dans l’intention. Le surnom est affectueux, prononcé entre membres de la famille ou entre amis. Il renforce par exemple le lien affectif entre des conjoints qui, dans la sphère privée, s’adressent l’un à l’autre avec des mots empreints de tendresse tels que « mon chéri/ma chérie », « mon cœur », « mon amour » ou « chouchou » et « loulou » comme le couple de la série Un gars, une fille… Entre les différentes générations familiales, les surnoms sont également très présents : papi/pépé et mamie/mémé, papa et maman, tonton et tata, frangine et frangin… Les enfants reçoivent des surnoms souvent empruntés aux noms d’animaux domestiques (« mon poussin », « mon lapin », « chaton »…) et les diminutifs directement formés sur le prénom sont courants : « Titi » pour Thibaut, « Vava » pour Valérie ou « Coco » pour Colette. Comme l’explique Christophe André, psychiatre, dans son article pour Psychologie.com, « il existe même un nom technique : l’hypocoristique (du grec hupokoristikos, « caressant »), qui désigne la création de mots pour exprimer une intention affectueuse« .
Le sobriquet, en revanche, n’a pas du tout la même connotation positive et affectueuse. Qu’il soit employé dans le cercle familial ou professionnel, en s’adressant directement à la personne ou non, il souligne plutôt un défaut physique ou de caractère de manière péjorative. Ainsi « Bouboule » est utilisé pour un homme ou une femme en surpoids et « Coconne » représente bien l’inénarrable assistante administrative ingénue des ouvrages de Zoé Shepard (Absolument Dé-bor-dée !, Ta carrière est fi-nie !, Zoé à Bercy).
Pourquoi utilisons-nous des surnoms ou des sobriquets ?
Les surnoms affectueux sont donnés pour montrer son attachement à l’autre, pour renforcer le lien affectif. Christophe André souligne d’ailleurs que ces surnoms sont réservés aux moments tendres et qu’on ne les utilise pas lors de disputes. L’usage du prénom permet alors de mettre de la distance, de montrer que la situation ne nous convient pas et que l’affection n’y a pas sa place. Les surnoms familiaux précisent la position de la personne au sein du groupe. Ils s’adaptent également à la position familiale de celui qui le prononce. Ainsi, on peut être à la fois Papi, Papa, Tonton, Chéri et Mon Lapin pour les différents membres de la famille. De leur côté, les sobriquets péjoratifs servent à dévaloriser la personne, consciemment ou non, à prendre de la distance avec elle et à s’affirmer comme « supérieur » (plus athlétique, plus intelligent, plus productif…).
Pourquoi réfléchir avant de donner un surnom / un sobriquet ?
Christophe André raconte un moment de gêne familial dû à l’utilisation intempestive d’un surnom affectueux. Le grand-père a considéré que « Papi » était réservé à ses petits-enfants et que son gendre n’avait pas à l’utiliser, surtout dans le cadre informel d’un repas au restaurant. Selon le psychiatre, la règle est tacite et « les surnoms ne s’utilisent que pour s’adresser à des proches« . Il est donc inconvenant de surnommer une personne sans avoir la proximité requise pour une telle marque affective. De plus, le surnom, même affectueux et prononcé avec la meilleure intention, peut devenir pesant ou installer durablement la personne dans une situation inconfortable. Selon R. Scott Gornto, psychothérapeute cité par Marie Claire, certains surnoms « enlèvent la dignité, l’amour et le respect qui devraient être dus à toutes les personnes. Une seule partie de votre histoire, de votre apparence ou de votre caractère ne constitue pas tout votre être ». Par exemple, une jeune secrétaire fraîchement arrivée dans l’entreprise peut trouver que le surnom « Ma petite » décerné par ses collègues est certes affectueux, mais aussi infantilisant. Celui ou celle qui est affublé d’un sobriquet dévalorisant comme « Bouboule », risque de ressentir un impact négatif durable sur sa propre estime de soi, surtout s’il est répété.