L’agence israélienne de la sécurité intérieure (Shin Bet) a reconnu avoir « échoué » dans son rôle en s’avérant incapable d’empêcher l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, mardi 4 mars. « Le Shin Bet n’a pas empêché le massacre du 7-Octobre », a déclaré son chef Ronen Bar dans un communiqué à l’occasion de la publication des résultats d’une enquête interne sur ce jour tragique pour l’Etat hébreu.
« L’enquête révèle que si le Shin Bet avait agi différemment, tant dans les années qui ont précédé l’attaque que la nuit où elle a eu lieu (…) le massacre aurait pu être empêché », ajoute M. Bar. « Nous avons échoué. »
Selon le résumé de ce rapport, l’enquête s’est concentrée sur deux domaines : les raisons directes pour lesquelles le Shin Beth a échoué à reconnaître la menace immédiate représentée par le Hamas et les actions qui ont mené à l’attaque du 7 octobre 2023.
« Il existait une compréhension profonde de la menace »
Toutefois, « l’enquête n’a pas trouvé d’indications que le Shin Bet a sous-estimé » le mouvement islamiste palestinien. « Au contraire, il existait une compréhension profonde de la menace, des initiatives et la volonté de neutraliser cette menace, en particulier de viser la direction du Hamas », dit le rapport.
Pour expliquer l’impréparation de la sécurité intérieure, l’enquête détermine que ses connaissances du plan du Hamas pour un raid d’envergure baptisé « Mur de Jéricho » n’ont pas été considérées comme une « menace directe » et que, selon les évaluations du Shin Bet, le Hamas était surtout concentré sur les « incitations à la violence » en Cisjordanie occupée.
Il existait aussi, selon le rapport d’enquête, « une incompréhension au sein du Shin Bet sur la solidité de la barrière [de sécurité entourant Gaza] et la réponse opérationnelle de l’armée, en particulier la préparation militaire des forces présentes dans le secteur la nuit du 6 au 7 octobre », alors qu’Israël célébrait une fête juive.
Une réponse « insuffisante »
L’enquête a également jugé qu’une « politique [israélienne] de modération a permis au Hamas de bâtir un impressionnant arsenal militaire » avec une aide financière directe du Qatar vers la branche militaire du mouvement islamiste palestinien.
En conclusion, l’enquête estime que « le Shin Bet a échoué à fournir un avertissement sur la portée de l’attaque et les raids à grande échelle du Hamas menés le 7 octobre ». « Les alertes diffusées dans la nuit [du 6 au 7 octobre 2023] n’ont pas mené à des directives opérationnelles et la réponse du Shin Bet (…) a été insuffisante pour empêcher ou contrecarrer l’attaque à grande échelle » dans le sud d’Israël.
Ce rapport interne est publié quelques jours après celui de l’armée israélienne, qui a reconnu son « échec complet » à empêcher l’attaque du Hamas à partir de Gaza, et un « excès de confiance » l’ayant conduite à sous-estimer les capacités du mouvement islamiste palestinien.
L’attaque a entraîné la mort de 1 218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse basé sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts ou tués en captivité.
L’offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 48 405 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la santé du Hamas, jugées fiables par l’Organisation des Nations unies.
Après quinze mois de combats, un accord de trêve, aujourd’hui menacé, a été conclu le 19 janvier, qui a permis le retour en Israël de 33 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 contre près de 1 800 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.