LETTRE D’ATHÈNES
Paros, Amorgos, Koufonissia, Irakleia, Schinoussa, Naxos, Mykonos, Lesbos, Ikaria, Ios, Mylos, la Crète, Karpathos… Depuis plus d’un an, Aris Katsigiannis, photographe et réalisateur, sillonne les îles grecques, en plein hiver, avec son frère et un ami pour recueillir les témoignages des plus âgés, ceux qui ont connu la guerre, la misère et la Grèce avant l’explosion du tourisme. Jusqu’à présent, le trentenaire a interviewé cinquante-deux retraités, vivant dans des contrées souvent peu accessibles hors saison, à des heures de bateau d’Athènes, des administrations et des services publics. Sur les réseaux sociaux comme Instagram, où il est suivi par plus de 126 000 followers, ses courtes vidéos s’intitulent « Leurs histoires avant qu’elles ne disparaissent ».
Sur Mykonos, l’île de la jet-set et de la fête, Aris Katsigiannis a rencontré Irini Marti, 87 ans. « A Mykonos, il y avait de la pauvreté à l’époque. Maintenant, il y a beaucoup de luxe, des villas… », note l’octogénaire, qui a dû se marier jeune avec un homme choisi par son père. A 19 ans, elle accouche sans la présence d’un médecin sur la petite île des Cyclades. A Ikaria, Marika Moula, 94 ans, souligne qu’elle n’a jamais été à l’école. « A cette époque, on te disait : “A quoi bon aller à l’école ? Tu es une fille, cela ne te servira pas” », confie-t-elle. Ce n’est que plus tard, avec ses enfants et ses petits-enfants, qu’elle a appris à écrire. Sur cette île du nord de la mer Egée, Marika Moula avoue avoir vécu chichement : « Pourquoi avoir de l’argent ? Ce qu’il te faut dans la vie, c’est de l’amour. C’est la seule chose qui a vraiment de la valeur », note-t-elle face à la caméra d’Aris Katsigianis.
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