Il y eut des poignées de main viriles et brutales, des tapes sur les cuisses et quelques rires complices, ostensiblement montrés à la télévision. Lorsque Emmanuel Macron retrouve Donald Trump à Washington, lundi 24 février, plane l’idée que le président de la République dispose d’un atout diplomatique que n’ont pas ses homologues européens pour tenter d’éviter une grave crise géopolitique : le Français, premier chef d’Etat de l’Union européenne à faire le voyage aux Etats-Unis, connaît, ou croit connaître, le milliardaire américain. Donald Trump, « moi, je le connais (…). C’est quelqu’un que je respecte et qui, je crois, me respecte, avec qui je parle très facilement », pose-t-il, quelques jours avant son entretien dans le bureau Ovale, en s’exprimant sur ses réseaux sociaux.
Emmanuel Macron a rencontré l’ancien magnat de l’immobilier à maintes reprises lors de son premier mandat, et lui a parlé régulièrement au téléphone. « Dites au chef de l’Etat de toujours commencer son propos par un compliment à Donald Trump », avait suggéré, à l’époque, un conseiller de la Maison Blanche à un diplomate français avant l’un de ces appels téléphoniques pour tâcher de mettre le président américain, irascible et imprévisible, dans de bonnes dispositions.
Le Donald Trump de 2025 n’est pas le même que celui de 2017. L’assaut du Capitole par des militants qu’il a encouragés, en 2021, a montré de quoi il était capable. Il a beau qualifier le président français d’« homme très spécial », en évoquant, les yeux pétillants, leur dîner de 2017 au Jules Verne, le restaurant de la tour Eiffel, il ne cède rien sur le fond.
Emmanuel Macron avait-il une infime chance de convaincre Donald Trump de rester du côté des alliés de l’Ukraine ? Cette « relation spéciale » que le Français a su bâtir avec le président américain est-elle un réel avantage ? « La diplomatie, ce sont des relations humaines, Emmanuel Macron ne se faisait aucune illusion », observe Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis. « Séducteur absolu », selon les mots de l’ancien diplomate, le président français est coutumier d’une diplomatie « d’homme à homme » où la dimension émotionnelle apparaît centrale. Dans un exercice assez solitaire, il cherche à flatter ou à impressionner les « hommes forts » de la scène internationale. En 2017, il reçoit Donald Trump sur les Champs-Elysée pour le défilé militaire du 14-Juillet après avoir, en mai, convié Vladimir Poutine à Versailles. Un langage – le seul ? – auquel est sensible le président américain.
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