Ils déplorent une crise de la masculinité, combattent le féminisme ou font l’apologie du patriarcat.
Sur les réseaux sociaux, les discours masculinistes gagnent en visibilité.
D’après le Haut Conseil à l’égalité, ils polarisent largement la société.
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Avec Elles
« Inutile de passer votre vie à courir pour satisfaire votre femme, ça ne sert à rien. C’est une créature dotée de ce gène qui s’appelle « pas contente ».« « Tu dois la punir lorsqu’elle te manque de respect. » Sur les réseaux sociaux, une communauté croissante d’hommes publie des vidéos ou des podcasts dans lesquels ils tiennent des propos dégradants sur les femmes. Ils les accusent d’avoir pris trop de pouvoir, ils jurent que le féminisme va trop loin, que les hommes ne peuvent plus rien faire ou dire, etc. Ils organisent des formations à des méthodes de séduction viriles, sur le modèle du mâle alpha, pour reconquérir leur place sociale.
Le Petit Larousse 2025 ne s’y trompe pas, le terme fera son entrée dans le dictionnaire avec cette définition : « Mouvement qui estime que l’homme souffre de l’émancipation des femmes ». Dans son ouvrage « Alpha mâle », l’anthropologue Mélanie Gourarier définit le masculinisme comme « une idéologie qui consiste à penser les masculinités comme étant en perte de vitesse, en crise, dans une société qui serait moins en leur faveur ».
Ce mouvement se fonde sur la victimisation des hommes. Il n’a rien de nouveau, mais il reprend de l’ampleur en réponse au mouvement #MeToo de fin 2017. Les hommes cherchent à défendre leurs droits et à restaurer leur identité masculine. Pour les masculinistes, les femmes restent inférieures aux hommes. Ils entendent assigner la femme à la sphère domestique, au rôle maternel et contrôler leur corps.
Signal d’alarme
Dans son rapport sur l’état du sexisme en France en 2025, le Haut Conseil à l’égalité (HCE) tire le signal d’alarme : « On observe en effet que le contre-discours de résistance à #MeToo, est de plus en plus construit et organisé. Il trouve une chambre d’écho dans les processus et campagnes de désinformation eux-mêmes de plus en plus élaborés. » Les chiffres, rapportés par l’étude, montrent un écart de près de 30 points entre les femmes et les hommes de moins de 35 ans, sur la perception des inégalités dans la famille comme dans la rue ou les transports. Le rapport s’inquiète de la progression des « réflexes masculinistes et comportements machistes chez les jeunes hommes adultes » : 52% des 25-34 ans pensent qu’on « s’acharne sur les hommes ». Le HCE dénonce la multiplicité des discours sexistes dans les médias : « Il arrive ainsi qu’un discours sexiste soit considéré comme un simple avis, visant à influencer l’opinion, notamment en diffusant volontairement des informations fausses. »
Dans le rapport de 2024, le HCE faisait déjà état de « raids masculinistes » en ligne pour réduire les femmes au silence. 37% des hommes interrogés pensaient alors que le féminisme menace la place et le rôle des hommes dans la société. Le rapport montrait que seuls 35% des hommes de 25 à 34 ans considèrent anormal qu’un homme gagne un salaire plus élevé que sa collègue à poste égal, contre 78% des femmes du même âge.