Les créateurs japonais ont toujours aimé montrer leur travail à Paris. Entre vestiaire poétique et créations conceptuelles, ces derniers ont montré toute l’étendue de leur palette lors de la fashion week parisienne automne-hiver 2025-2026.
Chez Kenzo, l’heure est au renouveau. Si le roi du streetwear Nigo est toujours aux manettes du style, le Nippon s’est adjoint les services d’un directeur du design, l’Anglais Joshua Bullen, transfuge de Givenchy. Fini les défilés mixtes, la femme Kenzo reprend sa place après l’avoir partagé avec l’homme pendant huit ans. « Nous tenions à confronter les univers de Kenzo Takada et de Nigo, explique Joshua Bullen à propos de la collection. C’est un mélange entre la pop et la street culture de Nigo et l’humour joyeux intrinsèque à la marque. »
Résultat : des petites nuisettes pastel ou fleuries sont basculées en arrière, les bretelles tombantes, sur des culottes en maille, un pardessus écru est brodé des prénoms de l’équipe, des vestes d’homme accompagnent des pantalons bouffants resserrés aux chevilles… Des petits lapins rose et bleu en peluche donnent au vestiaire un esprit enfantin. On les retrouve sur des chaussons, en imprimés sur des t-shirts ou encore en accumulation sur une veste. L’ensemble tient pourtant la route et Kenzo retrouve son irrévérence enjouée. L’absence de Nigo à l’heure du salut final pose cependant la question de son avenir au sein de la marque du groupe LVMH.
Plis, froufrous et nœuds
Chez Issey Miyake, dont le design est assuré par Satoshi Kondo depuis le décès du fondateur en 2022, l’ensemble est plus conceptuel. Tant dans la mise en scène – des danseurs contorsionnistes s’enroulent dans des pulls en maille –, que dans la garde-robe. Inspirée de l’œuvre de l’artiste autrichien Erwin Wurm, cette dernière malmène les vêtements du quotidien pour susciter une émotion chez le spectateur. Les bras dépassent de trous le long des manches des pulls, le plissé signature de la maison est imprimé sur de simples robes blanches, des t-shirts prennent la forme de sacs de shopping en papier et des tubes de tissus assemblés les uns aux autres s’enfilent comme une robe ou une parka légère. L’imagination est titillée et cela fait du bien.

Dans cet exercice de réinvention du vestiaire, Rei Kawakubo tient la dragée haute. La fondatrice de Comme des Garçons propose cette saison une succession de robes qui n’en ont que le nom, totalement explosées dans une accumulation de couches de tissus créant des volumes accidentés sur la silhouette. Sur certaines, on reconnaît les signes distinctifs d’un costume – les rayures tennis, les trois boutons sur les manches – tandis que d’autres modèles en tartan ou à petits carreaux mêlent plis, froufrous et nœuds dans une profusion de courbes. Une leçon de style longuement applaudie.
