« A moins de rétablir l’aide américaine contre le sida, son démantèlement va provoquer la mort d’environ 6 millions de personnes lors des quatre prochaines années », avance un courrier daté de jeudi 13 mars, et adressé au secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio.
Plusieurs centaines de spécialistes du VIH ont demandé aux Etats-Unis de rétablir leurs financements à l’aide internationale, en disant regretter l’effet « catastrophique » des coupes budgétaires engagées par l’administration Trump.
« On reviendra sur des décennies de progrès et le monde fera face à une hausse des épidémies liées au VIH », insistent les signataires du courrier, qui regroupent médecins et chercheurs, parmi lesquels la virologue Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine en 2008 pour la découverte du virus.
Le gel des programmes de l’Usaid
Le gouvernement de Donald Trump, qui affiche une volonté sans précédent de réduire la dépense publique depuis le début de son mandat, en janvier, a notamment décidé de geler presque tous les programmes de l’agence américaine de développement Usaid, par laquelle transite une large part de l’aide humanitaire mondiale.
De nombreuses ONG, ainsi que des personnalités du monde de la santé, estiment que l’arrêt de ces financements va lourdement affecter la lutte contre plusieurs maladies comme la tuberculose, la malaria et les infections au VIH qui sont à l’origine du sida.
Ces inquiétudes s’inscrivent dans un contexte où les infections au VIH, ainsi que les morts qui en résultent, sont globalement en train de reculer dans le monde, même si leur évolution varie selon les régions.
« Les souffrances et les morts déjà en train de se produire »
Selon les signataires de la lettre adressée à M. Rubio, le gel des financements a « pratiquement réduit à néant » le programme Pepfar, destiné à lutter contre le VIH, qui aurait sauvé environ 26 millions de vies depuis une vingtaine d’années.
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Faute de fonds disponibles, de nombreux essais cliniques sont aussi suspendus dans le monde, « laissant en plan leurs participants », selon la lettre.
Ses auteurs pointent également un effet délétère sur des organismes de recherche, privés de financements et de personnel. A ce titre, la prestigieuse université médicale Johns-Hopkins a annoncé, jeudi, supprimer plus de 2 000 postes à la suite de la fin des programmes de l’Usaid.
Ces décisions budgétaires sont actuellement contestées en justice aux Etats-Unis. Malgré la perspective qu’elles soient annulées, « on ne pourra pas revenir sur les souffrances et les morts qui sont d’ores et déjà en train de se produire », juge la lettre.