Il y a longtemps que les anges ne sont plus à la mode. De Giotto à Tiepolo, ils ont volé dans les cieux d’innombrables peintures, puis se sont éclipsés. Les toiles d’Oda Jaune sont donc inattendues. L’artiste, qui est née en 1979, y ressuscite ces êtres ailés au sexe incertain. Elle attache à leurs corps nus de vastes plumages déployés. Quelques-uns sont posés sur des nuages, d’autres sur un rocher ou un lit. Le plus souvent, leurs visages sont invisibles et plusieurs semblent acéphales.
Dans la très grande et surprenante toile qui domine l’exposition, l’un d’eux, dont le corps se love sur lui-même autour d’un œil, tient d’un bras – car il a un bras et aussi un pied démesuré – un nouveau-né. Mais, si la maternité est ainsi évoquée, elle n’explique pas qu’un monstre féminin à quatre jambes soit allongé sur une nappe qui devient un drap, entre les éléments d’une nature morte dont la symbolique reste aussi impénétrable. Et ce ne sont là que quelques-unes des étrangetés de l’œuvre, qui est un songe. Des anges sont venus visiter l’artiste en rêve et, comme dans tous les rêves, leur substance était mobile et changeante. Oda Jaune peint ces métamorphoses avec une acuité qui accentue leur étrangeté.
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