François-Michel Le Tourneau est géographe, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’Amazonie brésilienne et de la Guyane française. Il dirige l’unité de recherche Mondes en transition, partenariat entre le CNRS et l’université de Sao Paulo. Il est l’auteur de L’Amazonie. Histoire, géographie et environnement et de Chercheurs d’or. L’orpaillage clandestin en Guyane française (CNRS Editions, 2019 et 2024). Alors que la 30e Conférence des parties sur le climat (COP30) se tiendra au Brésil, dans la ville amazonienne de Belem, en novembre, il dresse un état des lieux de la situation de la plus grande forêt tropicale de la planète.

La déforestation en Amazonie brésilienne a chuté de moitié, avec 6 288 kilomètres carrés de forêt détruits entre les mois d’août 2023 et de juillet 2024, contre 13 000 kilomètres carrés en 2021, aux pires heures du mandat de Jair Bolsonaro [2019-2023]. La « méthode Lula » porte-t-elle ses fruits ?
Jair Bolsonaro avait instauré une politique de laisser-faire en Amazonie, mais il n’a pas ou peu touché à l’édifice juridique de la protection de l’environnement. Lula avait donc tous les outils pour reprendre en main la situation. Il a fait passer le message que le « shérif était revenu en ville », et rétabli le financement des organismes chargés de faire respecter la loi, comme la police fédérale ou l’agence Ibama [Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables], ce qui a produit des effets immédiats. C’est une bonne nouvelle !
Mais l’Amazonie n’est pas sauvée pour autant, puisque de gros morceaux sont perdus chaque année : 6 200 kilomètres carrés, c’est l’équivalent du département de la Savoie… Par ailleurs, si la déforestation ralentit, 2024 a été marquée par un grand nombre d’incendies de forêt résultant d’une sécheresse historique liée au réchauffement climatique. Moins de déforestation durant un an ne change pas immédiatement l’évolution du cycle des pluies. D’autant qu’il s’agit d’un phénomène global : l’Amazonie peut se retrouver affectée par les effets sur le climat de pollutions émises à l’autre bout de la planète.
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