Depuis une semaine, Moscou accélère sa contre-offensive dans la région russe de Koursk, avant toute discussion sur un cessez-le-feu avec l’Ukraine.
Kiev avait arraché le contrôle d’une partie de la zone en aoûté dernier, espérant en faire un atout dans les négociations à venir.
Mais les soldats ukrainiens sont désormais confrontés à une douloureuse déroute.
Une équipe du 20H de TF1 a pu accéder à des zones reprises ces derniers jours par l’armée russe.
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Guerre en Ukraine : TF1 et LCI sur le terrain
Parsemée de voitures calcinées, de débris de chars d’assaut, l’équipe du 20H de TF1 emprunte la route du front, dans la région de Koursk. Depuis une semaine, l’armée russe y accélère sa contre-offensive, tandis que les perspectives de pourparlers de cessez-le-feu se dessinent peu à peu (nouvelle fenêtre), sous l’impulsion de Washington en particulier. « Ici, ce n’est pas pareil que dans le Donbass (ukrainien, ndlr). Ici, les Ukrainiens nous ont attaqués sur notre terre natale », affirme un membre de l’armée russe, dans le reportage en tête de cet article.
Trois ans après avoir lancé l’invasion de l’Ukraine, la Russie avait subi l’été dernier une incursion historique des forces ukrainiennes (nouvelle fenêtre) dans cette région frontalière, dans l’espoir de détourner les soldats de Moscou d’autres zones du front. Elles s’étaient emparées de plus d’un millier de kilomètres carrés, prenant le Kremlin de court. Mais depuis, l’armée russe a peu à peu récupéré une large partie du territoire contrôlé par Kiev, et a encore accéléré sa progression ces derniers jours (nouvelle fenêtre), au prix d’intenses combats. Le commandant en chef de l’armée ukrainienne avait même suggéré mercredi 12 mars que ses hommes se repliaient.
Des villages défigurés par les combats
Dans un village russe repris il y a quelques jours tout juste, les corps de soldats gisent toujours dans la rue, au pied de bâtiments éventrés et de structures calcinées. Un terrain encore particulièrement dangereux. Drones-suicide, mines, maisons piégées, obus non explosés… en dehors de l’avenue principale, chaque déplacement se fait pas à pas.
L’armée russe continue sa progression aux alentours, et les combats y sont particulièrement violents (nouvelle fenêtre), en témoignent des bruits d’artillerie qui percent au loin. Rue après rue, ces villages sont reconquis, et le drapeau russe accroché aux bâtiments repris. Comme sur le portail de l’église d’un village, dont la cour, jonchée de débris, porte encore les stigmates des affrontements. D’après les soldats russes, elle a servi un temps de refuge aux habitants piégés, pris entre deux feux.
À l’intérieur, l’équipe de TF1 découvre des objets sens dessus dessous, recouverts de poussière, une coupole perforée, de nombreux impacts dans les murs… et une montagne de gravats. « Quand on est entrés les premiers avec mon détachement, on a trouvé ici une femme tuée par les débris, une partie du toit s’est écroulée sur elle, affirme un soldat russe. Il y a encore quelques jours, on se battait depuis cette église. Derrière nous, devant, dans les caves, il y avait des soldats partout. »
Une course contre-la-montre avant les négociations ?
Après sept mois de combats, la bataille de Koursk semble aujourd’hui toucher à sa fin : les forces ukrainiennes sont de plus en plus poussées à reculer (nouvelle fenêtre). Samedi, Moscou a revendiqué la reprise de deux villages supplémentaires, ceux de Zaolechenka et Roubanchtchina. L’Ukraine ne contrôle désormais que deux petites poches, près de la frontière, comme le montrent les deux cartes ci-dessous, la première datant de septembre 2024 et la seconde montrant la situation actuelle. Les zones en bleu représentent le territoire aux mains des soldats ukrainiens.

« Vladimir Poutine a dit que même si nos forces progressent, nous épargnerons les Ukrainiens qui déposent les armes et se rendent. Plusieurs groupes se sont rendus comme ça », affirme un général tchétchène en charge de l’opération de contre-offensive. Mais il est impossible de vérifier ces informations de manière indépendante. Le chef du Kremlin, qui s’était rendu sur place la semaine passée (nouvelle fenêtre), a appelé vendredi les soldats ukrainiens qui combattent dans la région à déposer les armes.
Il concentre sans aucun doute ses forces dans cette zone, avec l’objectif de commencer les pourparlers de paix sans un seul morceau de terre russe occupée, et ainsi priver Kiev d’une carte précieuse à la table des négociations. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d’ailleurs accusé samedi Moscou de retarder les discussions (nouvelle fenêtre) sur l’instauration d’une trêve de 30 jours, proposée par son pays et les États-Unis, pour parvenir à « une position plus solide avant le cessez-le-feu ».
Au sud de Soudja, la plus grosse localité de la région, les combats continuent, tandis que l’armée ukrainienne termine son repli. L’état-major de Kiev a diffusé ce week-end des cartes montrant que ses forces n’étaient plus présentes dans la ville. Kiev craint désormais que Moscou ne soit en train d’amasser des forces pour attaquer la région ukrainienne frontalière de Soumy. Les troupes ukrainiennes sont déjà en train de s’y replier et de se repositionner. « Il est évident que la Russie prolonge la guerre », a accusé samedi Volodymyr Zelensky.