L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
Wellington et Ronaldo. Le tendre et le dur. Le jeune queer tout juste libéré de prison, et le trentenaire prostitué. Ces deux-là tiennent l’un à l’autre, cela se sent dès leur première nuit, qu’ils préfèrent passer à dormir, collés dans la moiteur d’une chambre à Sao Paulo (Brésil). Les corps parleront plus tard, ils ont d’ailleurs beaucoup à dire. Les cicatrices de Wellington (Joao Pedro Mariano) racontent les sévices subis depuis l’enfance. Les biceps de Ronaldo (Ricardo Teodoro) soulignent son obsession à se construire une carapace avec ses altères, et à plaire à ses clients friands d’hommes virils.
Si le sexe est nécessité de survie dans Baby, deuxième long-métrage du Brésilien Marcelo Caetano (Corpo eletrico, 2017), il passe vite au second plan d’une histoire plus ample et romanesque, ancrée dans le centre-ville avec sa faune nocturne (trans, queers, migrants, sans-abri) que le cinéaste a captée sur le vif, en caméra cachée, comme pour fixer l’époque.
Sélectionné à la Semaine de la critique, à Cannes en 2024, le film s’ouvre sur une fanfare dans un centre de détention. Wellington, 18 ans, sort de sa cellule, enfin libre, mais il se retrouve à la rue. Sa famille a déménagé sans laisser d’adresse. Le blouson rouge qu’une bonne âme lui met sur le dos, pour passer la nuit dehors, lui donne des airs de Chaperon prêt à se faire croquer. Le sourire de Wellington est aussi enfantin que ses lèvres appellent le désir. Le découvrant endormi sur un banc, un policier lui introduit la matraque dans la bouche. Wellington détale, et sera pour le reste du film en mouvement.
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