Le « serpent noir », comme les Amérindiens le surnommaient, a mordu Greenpeace. Mercredi 19 mars, le jury d’un tribunal local du Dakota du Nord, dans le nord des Etats-Unis, a déclaré l’ONG responsable de diffamation et coupable de la plupart des griefs dans le procès qu’il l’opposait à l’entreprise américaine Energy Transfer, qui a construit et qui exploite l’oléoduc Dakota Access. Selon le jugement de ce jury de neuf personnes, rendu après une audience de trois semaines, l’association devra payer des centaines de millions de dollars de dommages et intérêts, ce qui menace sa survie aux Etats-Unis.
L’association dénonce une procédure-bâillon. « Elle a pour but d’asphyxier les ONG et les militants sous les frais de justice, de les pousser à la faillite et, en fin de compte, de faire taire les voix qui s’élèvent pour défendre l’intérêt général », assure l’ONG.
Ce jugement clôt une bataille juridique vieille de huit ans. Entre 2016 et 2017, trois cents tribus amérindiennes avaient mobilisé des dizaines de milliers de militants de tous les pays, dont six de Greenpeace, pour empêcher la construction du Dakota Access Pipeline, passant près de la réserve sioux de Standing Rock. Ils voyaient l’oléoduc comme une menace pour leurs lieux sacrés et leur eau. Suspendue par le président Barack Obama puis relancée par Donald Trump, l’infrastructure est entrée en fonction en 2017. Elle transporte tous les jours 750 000 barils de pétrole de schiste depuis le Dakota du Nord jusqu’à l’Illinois, sur près de 1 900 kilomètres.
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