Une équipe de TF1 s’est rendue en Haïti, pays le plus peuplé des Antilles, littéralement coupé du monde.
Les gangs contrôlent aujourd’hui plus de 50% de la capitale, Port-au-Prince, qui vit au rythme de sanglantes guerres de territoires.
Un grand reportage exceptionnel, issu du JT de 20H de ce mercredi 19 mars.
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Haïti sombre dans le chaos
On la surnommait autrefois « la Perle des Antilles », pour la beauté de ses plages idylliques, l’histoire, la culture et la richesse naturelle de cette nation insulaire. Mais depuis plusieurs dizaines d’années, Haïti pâtit d’une instabilité politique chronique et, en conséquence, de l’ultra violence de groupes armés se livrant à d’interminables guerres de territoire. Corps mutilés et brûlés dans la rue, viols, kidnappings et échanges de tirs quotidiens, populations déplacées au gré des conquêtes de ces gangs, police dépassée… Après s’être rendu à Port-au-Prince, la capitale, en avril 2023, une équipe de TF1 y est revenu près de deux ans plus tard. Un nouveau grand reportage exceptionnel, diffusé dans le 20H de ce mercredi 19 mars, visible en tête de cet article.
« Il est très difficile de se rendre sur place, puisqu’il n’y a plus d’aéroport (des groupes armés ont provoqué sa fermeture en novembre dernier, ndlr). Donc c’était déjà un challenge de pouvoir accéder à cette zone et voir à quel point la situation, en fait, depuis deux ans, s’est encore dégradée », témoigne dans la vidéo ci-dessous notre grand reporter, Michel Scott, qui a pu, à cette occasion, s’entretenir avec les membres de plusieurs gangs. « Le peuple a peur des balles. On ne cohabitait pas bien avec les habitants. Même si on leur avait demandé de rester, ils ne l’auraient pas fait, parce qu’ils ont peur de nous », explique l’un des truands ayant pris le contrôle du quartier de Solino, ancienne zone résidentielle densément peuplée, aujourd’hui transformée en no man’s land, alors que ses habitants s’entassent à quelques centaines de mètres de là, sous des bâches faisant office de toits de fortune.
Chaos en Haïti : la sanglante guerre des gangsSource : TF1info Shorts
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« Tous ces quartiers sont sous le contrôle des mafias, pas celui de la police. Ils sont à nous », insiste-t-il. Plus de 50% de la capitale se trouve à présent sous la coupe de ces dizaines de gangs rivaux, qui s’unissent parfois ponctuellement pour s’en prendre aux institutions et renverser des dirigeants éphémères. Preuve de cette impunité quasi-totale : le reportage montre une démonstration de force d’une coalition de gangs ironiquement nommée « Viv ansanm » (Vivre ensemble), connue pour avoir tué nombre de policiers et incendié des hôpitaux, qui fait défiler à marche forcée les civils sous son contrôle. En tête de cortège, pistolet à la ceinture, entouré de gardes du corps, un des leaders, un certain Barbecue, assure à notre micro : « Ces gens me font confiance, ils croient en moi. Je les protège. Pour eux, je représente l’État. »

La caméra de TF1 a aussi pu suivre la poignée de policiers qui continue de lutter tant bien que mal, lors d’une opération à bord de véhicules blindés essuyant tirs et jets de cocktails molotov à flux continu. L’un des membres de ce commando se moque, dans un court instant de répit, du nom choisi par la coalition de Barbecue, que les forces de l’ordre considèrent comme un terroriste : « Eux c’est plutôt ‘on vole ensemble, on pille ensemble, on tue ensemble’ (rires). » Quatre membres de la police nationale haïtienne sont morts récemment dans ces assauts quotidiens. Une goutte d’eau dans un océan de chaos, où ce sont les gangs qui font la loi. « C’est une situation invraisemblable, d’une violence extrême, avec des chiffres : 5.600 morts par arme à feu en 2024, un million de personnes déplacées, qui ne vivent plus chez elles pour fuir cette violence, conclut Michel Scott. Haïti n’est pas sorti d’affaire, loin de là. C’est ce grand reportage que nous vous invitons à regarder. »