Difficile d’ignorer totalement 300 000 personnes qui paralysent une capitale pendant toute une journée. Samedi 15 mars, même « Dnevnik 2 », le très regardé journal de 19 h 30 de la radio-télévision nationale serbe (RTS), considérée jusqu’à récemment comme un canal de propagande, a dû consacrer dix-huit de ses trente-cinq minutes à la manifestation historique qui a déferlé dans les rues de Belgrade, ce jour-là, pour protester contre la corruption.
Prudemment délocalisée dans un studio des faubourgs de la capitale par crainte que les manifestants envahissent le siège de la télévision, situé en centre-ville, la présentatrice a certes lourdement insisté sur les risques de débordement, bien qu’ils fussent très limités. Mais elle s’est aussi efforcée de décrire la manifestation d’un ton relativement neutre. « Les étudiants ont répété leurs revendications », a-t-elle rapporté.
En plus de diffuser un long extrait de leur discours, un reporter a également donné la parole à un manifestant affirmant « être venu pour soutenir les étudiants face au régime ». Cette petite phrase, diffusée à une heure de grande écoute sur la principale chaîne de télévision, en dit long sur la profondeur des changements entraînés par le vaste mouvement anticorruption qui secoue ce pays des Balkans depuis novembre 2024.
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