Une pénurie de viennoiseries a été constatée le 25 mars à la bibliothèque municipale de Baraboo, petite ville du Wisconsin. C’était un mardi. Les organisateurs ne s’attendaient pas à ce qu’autant de monde vienne écouter Susan Crawford le matin à 10 heures, en pleine semaine.
Il a fallu déployer des chaises supplémentaires. La plupart des participants étaient des retraités, curieux de voir en personne la candidate à la cour suprême de cet Etat, soutenue par le Parti démocrate. Mais ils goûtaient surtout cette occasion de se compter, de se rassurer, de partager leur colère ou leur effroi, après deux mois d’administration Trump.
Prévue le 1er avril, l’élection à l’un des sept sièges de la cour suprême du Wisconsin est lourde d’enjeux pour les habitants de cet Etat pivot. Les magistrats libéraux détiennent une courte majorité (4 contre 3). Si celle-ci basculait en faveur des conservateurs, le résultat pourrait bouleverser le découpage de la carte électorale, longtemps très défavorable aux démocrates, et menacerait les droits reproductifs, soit l’accès à l’avortement.
Mais ce scrutin revêt aussi une dimension nationale inédite. Il s’agit de l’un des rares rendez-vous électoraux qui permettra de mesurer l’évolution de l’opinion, d’ici aux élections de mi-mandat à l’automne 2026. De la même façon que Donald Trump politise entièrement la haute fonction publique, soumettant ses membres à un impératif de loyauté, le président opère une distinction entre les juges qui s’alignent sur ses positions et les autres, forcément « radicaux », accusés d’outrepasser leurs prérogatives.
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