Après dix-huit mois d’enquête, une opération « historique » au large des côtes normandes a permis de saisir 630 kg de cocaïne.
Au moins cinq personnes, dont trois marins pêcheurs, ont été incarcérées.
Le résultat de dix-huit mois d’enquête. Au moins cinq personnes, dont trois marins pêcheurs, ont été incarcérées à la suite d’une saisie en pleine mer de 630 kg de cocaïne. Parti du port de Paranaguá (Brésil), le cargo Omicron Eagle, battant pavillon libérien, était « suspecté de transporter de la cocaïne et arrivait au large de l’Europe », a déclaré le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet, lors d’une conférence de presse lundi 7 avril. « Concomitamment, des écoutes téléphoniques permettent de mettre en évidence les préparatifs de récupération par des marins pêcheurs d’Ouistreham », dans le Calvados, a-t-il poursuivi.
À bord d’un chalut, ces marins pêcheurs ont alors récupéré les ballots, « jetés en mer à plusieurs milles nautiques à l’ouest des îles anglo-normandes de Guernesey et Jersey » tandis que le cargo continuait sa route vers Dunkerque (Nord). Puis, selon le magistrat, « avant d’arriver au port », les marins ont « déchargé la cocaïne à bord d’un bateau plus rapide qui, lui, a pris la route de Tancarville », en Seine-Maritime, dans la nuit du 3 au 4 avril.
Cette nuit-là, « une vaste opération a été déclenchée » et « a permis l’interpellation simultanée des marins pêcheurs d’Ouistreham, ainsi que de deux de leurs conjointes, et de l’équipage de la vedette à Tancarville, où la cocaïne a également été saisie », a poursuivi le procureur.
Des trafiquants qui ont désormais besoin des pêcheurs. « Ils ont le bon matériel pour aller récupérer une certaine quantité de stupéfiants, et c’est une profession en difficultés financières et professionnelles, ce qui fait qu’un marin pêcheur cède à la tentation », analyse Pascal Gontier, directeur zonal adjoint de police judiciaire Ouest, dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Ces arrestations doivent rappeler aux marins pêcheurs qu’« il n’y a pas d’impunité », a de son côté prévenu le procureur.
Première saisie pour une technique par « drop-off »
Initialement estimée à 800 kg, la quantité de drogue saisie est finalement de 630 kg. À la revente, cette dernière représente environ 37 millions d’euros, a indiqué le procureur. Outre les cinq personnes incarcérées, les deux compagnes des marins pêcheurs ont été placées sous contrôle judiciaire et « neuf autres personnes font l’objet de réquisitions du parquet de placement en détention provisoire », a-t-il encore précisé.
L’affaire est « historique », a souligné Frédéric Teillet, car c’est « la première fois qu’est interceptée une livraison par drop-off ». Ce mode opératoire consiste à larguer en mer des ballots de cocaïne de 20 à 30 kg, récupérés dans un second temps par des plus petits bateaux qui les acheminent vers les côtes. « On sait que le mode de drop-off existe, mais jamais nous n’avons pu prendre sur le vif, en flagrant crime, une équipe en train d’opérer », a-t-il étayé.