Le parquet de Pontoise a fait appel de la relaxe des poursuites pour harcèlement sur mineurs à l’encontre de l’ancienne enseignante d’Evaëlle, collégienne qui s’est suicidée en 2019 dans le Val-d’Oise, a appris l’Agence France-Presse (AFP) lundi 14 avril du parquet. Jeudi, le tribunal avait entièrement relaxé l’enseignante, considérant que les éléments à charge étaient « discordants, indirects, peu circonstanciés » ou relevaient de « comportements adaptés et légitimes s’agissant de l’autorité dont doit faire preuve un enseignant en classe ».
Les parents d’Evaëlle, âgée de 11 ans au moment de son suicide, « sont satisfaits de l’appel et du nouveau procès durant lequel ils pourront à nouveau exprimer le harcèlement moral commis à l’égard de leur fille », a déclaré à l’AFP leur avocate, Delphine Meillet. Le délibéré du tribunal correctionnel de Pontoise les avait « révoltés ».
« Je suis dans l’incompréhension totale », avait déclaré en larmes la mère de la préadolescente. « J’ai l’impression qu’on légitime le comportement de cette professeure (…), on n’écoute pas les enfants, on n’écoute pas Evaëlle », avait ajouté son père à la sortie de l’audience.
L’enseignante, absente au délibéré, s’était dite « soulagée ». « La vérité éclate enfin », avait estimé la femme de 62 ans. En mars, elle avait été jugée pendant deux jours pour harcèlement à l’encontre de trois anciens élèves, dont Evaëlle, qui s’est suicidée en juin 2019 quelques mois après avoir quitté le collège d’Herblay-sur-Seine où elle subissait du harcèlement.
Jetée en « pâture » selon la procureure
Pour l’accusation, en plus du harcèlement de camarades de classe, elle était également la cible de son enseignante de français. Dix-huit mois de prison avec sursis et une interdiction définitive d’enseigner avaient été requis. Dans sa relation avec Evaëlle, elle « la jette en pâture au collectif, la fait pleurer », avait tancé la procureure dans ses réquisitions. Son « harcèlement est le déclencheur et catalyseur du harcèlement des mineurs », avait affirmé la magistrate.
Le tribunal a pourtant considéré qu’il n’y avait « pas d’élément permettant de caractériser l’élément intentionnel de l’infraction », soit « qu’elle aurait volontairement cherché la dégradation des conditions de vie » d’Evaëlle, faits pour lesquels l’enseignante était jugée. Le jour du délibéré, avant que celui-ci soit rendu, l’enseignante a été la cible de menaces de mort dans un courrier reçu dans son ancien collège.