« Nda’evei celular jaiporu nhanhembo’ea py. » Inscrite en lettres capitales sur un panneau rouge et blanc, la consigne est bien visible, accompagnée du dessin d’un smartphone et du symbole « interdit ». Le message est clair : dans cette école en préfabriqué, située dans la zone rurale de Marica, à 30 kilomètres à l’est de Rio de Janeiro, les téléphones portables sont prohibés. Curieusement, aucune traduction en portugais n’est disponible. Il en va ainsi à Ka’Aguy Hovy Pora, le village de « la jolie forêt verte » en guarani : les 250 habitants ne s’expriment que dans cette langue indigène.
« Dans ma tête, tout est en guarani… Même dans mes rêves ! », confirme Julia, une adolescente de 17 ans aux cheveux noir de jais, qui nous salue d’un « Javy ju ! » (« bonjour ») avant de fredonner le « Nhande Kaaguyre », jolie chanson polyphonique sur la création du monde. Comme les autres enfants des environs, Julia a étudié dans l’école bilingue portugais-guarani du village, où les élèves sont accueillis de la maternelle à la fin du primaire. « Ils sont alphabétisés en guarani, ils étudient les maths ou la géo en guarani ! », résume Amarildo Vera Yapua, 34 ans, l’un des six dirigeants de la petite communauté. Et si certains mots ne sont pas évidents, comme « yy » pour « l’eau », à prononcer comme un i très fermé, presque un ü, « ça apprend très vite ! », poursuit-il.
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