L’administration Trump a annoncé le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions à l’université d’Harvard.
La décision fait suite au mouvement étudiant contre la guerre au Proche-Orient.
L’université a refusé de mettre en œuvre les réformes demandées par le gouvernement.
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Le second mandat de Donald Trump
Après les associations humanitaires, Donald Trump s’attaque désormais aux universités. L’administration de Trump a annoncé ce lundi le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions à l’université Harvard, l’une des plus prestigieuses au monde, après son refus de se plier aux exigences de la Maison Blanche. Les coupes budgétaires seront effectives « sur plusieurs années » détaille un communiqué du ministère de l’Éducation, qui évoque aussi la fin de « contrats pluriannuels d’une valeur de 60 millions de dollars ». Les subventions fédérales représentent 11% des revenus d’Harvard selon les données publiées par l’université privée.
Le gouvernement demandait la réforme de certains programmes
La raison de ces coupes budgétaires ? Entre autres, les manifestations liées au conflit au Proche-Orient qui ont eu lieu sur le campus de l’université située près de Boston en 2024. Harvard, comme d’autres universités américaines, a été le théâtre d’une mobilisation étudiante contre la guerre à Gaza, et ciblée par la Maison Blanche depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. « La perturbation de l’apprentissage qui a frappé les campus ces dernières années est inacceptable. Le harcèlement des étudiants juifs est intolérable. (…) Il est temps que les universités d’élite prennent le problème au sérieux et s’engagent à apporter des changements significatifs si elles veulent continuer à bénéficier du soutien des contribuables », peut-on lire dans le communiqué du ministère.
Début avril, plusieurs exigences avaient été transmises à la direction de l’université. Il leur était notamment demandé de mettre fin aux politiques visant à favoriser la diversité et des changements dans les programmes qui « alimentent le harcèlement antisémite », selon un courrier publié par le Washington Post. L’administration Trump avait également réclamé à Harvard un « audit » des opinions des étudiants et du corps enseignant, ce à quoi l’institution avait répondu dans une lettre signée par ses avocats : « Harvard n’est pas prête à accepter des exigences qui vont au-delà de l’autorité légitime de cette administration ou d’aucune autre. » Dans une lettre adressée aux étudiants et au corps enseignant, le président de l’université, Alan Garber, a assuré plus tôt lundi qu’Harvard « n’abdiquera pas son indépendance ni ses droits garantis par la Constitution ».
« Aucun gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, ne doit dicter aux universités privées ce qu’elles doivent enseigner
« Aucun gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, ne doit dicter aux universités privées ce qu’elles doivent enseigner
Alain Gaber, président de Harvard
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump cible les universités américaines. Le gouvernement a déjà coupé, pour les mêmes motifs, 400 millions de dollars de subventions à une celle de Columbia à New York. Pour récupérer les fonds, l’université a engagé ces dernières semaines des réformes drastiques notamment en revoyant sa gestion des mouvements étudiants et à réformer les départements d’études sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique, que l’administration Trump souhaitait placer « sous tutelle académique ».
Des concessions que Harvard n’est pas prête à faire. Selon les avocats de l’université, les exigences de l’administration sont « en contradiction avec le premier amendement » et « empiètent sur des libertés universitaires garanties depuis longtemps par la Cour suprême ». Le premier amendement de la Constitution américaine garantit les libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression.