Une juge américaine a réclamé, mardi 15 avril, la tenue d’une série d’auditions pour déterminer si l’exécutif avait respecté ses obligations de « faciliter » le retour d’un Salvadorien renvoyé à tort.
Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une « invasion » des Etats-Unis par des « criminels venus de l’étranger », et communiquant abondamment sur les expulsions d’immigrés. Il s’agit donc d’un des principaux sujets de conflit avec les juges qui contrecarrent ses projets, les accusant « d’usurper » les prérogatives du pouvoir exécutif.
Le cas de Kilmar Abrego Garcia, marié à une Américaine et habitant du Maryland, est devenu un symbole de son inflexibilité dans ce domaine. Ce Salvadorien a fait partie des plus de 250 hommes expulsés le 15 mars vers le Salvador, la plupart pour appartenance présumée au gang vénézuélien Tren de Aragua, déclaré organisation « terroriste » par Washington. Ils ont été incarcérés dans la gigantesque prison, nommée Cecot, que le président salvadorien Nayib Bukele a fait construire pour éradiquer les gangs.
L’administration Trump a ensuite reconnu en justice que son expulsion résultait d’une « erreur administrative », puisqu’un arrêté d’expulsion à son encontre vers le Salvador avait été définitivement annulé par un tribunal fédéral en 2019. Mais elle a assuré se trouver dans l’incapacité d’y remédier, Kilmar Abrego Garcia étant désormais détenu par les autorités salvadoriennes. Elle l’accuse d’appartenir au gang salvadorien MS-13, également classé « terroriste » par les Etats-Unis en février. Lors d’une rencontre à la Maison Blanche avec Donald Trump lundi, le président salvadorien a néanmoins lui aussi assuré qu’il n’avait « pas le pouvoir de le renvoyer vers les Etats-Unis ».
Mobilisation publique
La femme de l’homme expulsé, Jennifer Vasquez Sura, a demandé mardi aux deux chefs d’Etat de cesser de « jouer à un jeu politique avec la vie de Kilmar ». « Aujourd’hui, cela fait 34 jours qu’il a disparu », a-t-elle insisté devant la presse. « Je ne vais pas arrêter de me battre jusqu’à ce que je le voie vivant », a-t-elle ajouté, près de dizaines de manifestants venus en soutien.
La Cour suprême a validé la semaine dernière une décision de première instance ordonnant à l’administration de « faciliter » le retour de Kilmar Abrego Garcia afin que « sa situation soit traitée comme elle l’aurait été s’il n’avait pas été envoyé à tort au Salvador ». Cette juge fédérale, Paula Xinis, a demandé un compte rendu quotidien « sur la localisation actuelle et le statut sous lequel est détenu M. Abrego Garcia », ainsi que les actions prises ou envisagées pour « faciliter son retour ».
L’administration Trump a fourni samedi une déclaration écrite confirmant pour la première fois que « M. Abrego Garcia est vivant et en sécurité » au Cecot, et « détenu en vertu de la souveraineté » du Salvador. Mais lors d’une nouvelle audience mardi à Greenbelt, près de Washington, la juge Xinis a déploré de n’avoir « rien » obtenu sur les actions entreprises ou envisagées par l’administration Trump.
Peu avant l’audience, un responsable du ministère de la sécurité intérieure s’est borné à affirmer dans une déclaration écrite que l’exécutif était prêt à le laisser entrer aux Etats-Unis « s’il se présente à la frontière » mais qu’il serait aussitôt arrêté en vue de son expulsion vers un pays tiers ou vers le Salvador. Le gouvernement « paraît n’avoir en rien contribué » à recouvrer la garde de M. Abrego Garcia et son retour aux Etats-Unis pour se conformer à la décision de la Cour suprême, a déploré la juge dans des conclusions écrites après l’audience. En conséquence, elle a exigé une série de témoignages de responsables de l’administration sur une période d’environ deux semaines afin d’obtenir des réponses à ses interrogations jusqu’à présent restées sans réponse.
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Un sénateur du Maryland, le démocrate Chris Van Hollen, a annoncé qu’il se rendrait mercredi au Salvador pour s’enquérir du sort de Kilmar Abrego Garcia « enlevé illégalement par l’administration Trump », afin de discuter de son retour.