Une fluidité sexuelle plus librement assumée, des débuts dans la sexualité lesbienne moins entravés et repoussés… Des tournants « majeurs » sont à l’œuvre dans la manière dont les jeunes femmes homosexuelles font désormais leurs premiers pas dans la vie affective, observe l’autrice et journaliste Elodie Font, qui a publié A nos désirs. Dans l’intimité des lesbiennes (La Déferlante, 2024).
Chez la jeune génération de femmes, vous observez une plus grande liberté dans l’exploration de leur désir sexuel. Comment se traduit-elle ?
Il y a une fluidité sexuelle nouvelle chez les moins de 30 ans. Une grande enquête de l’Inserm, publiée fin 2024, montrait que plus de 30 % des femmes de 18 à 29 ans, sans forcément se dire lesbiennes, déclarent avoir eu au moins une attirance pour une autre femme (c’est 13 % tous âges confondus). Elles sont 15 % à avoir eu au moins une relation avec une partenaire.
J’identifie un moment de bascule : celui du mariage pour tous, en 2013. Au-delà de la violence des débats qui ont eu lieu dans la rue, celles qui étaient adolescentes à l’époque ont malgré tout grandi avec l’idée qu’il était possible de se marier avec une femme, de faire famille si elles le désiraient. Cette loi change fondamentalement la manière dont on peut s’autoriser, très jeune, à se projeter. Peu à peu, les représentations de lesbiennes, bisexuelles et pansexuelles se sont aussi faites plus nombreuses, notamment dans les séries ou sur les réseaux sociaux.
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