De cette soirée d’août 2024 où elle s’est vu remettre le prestigieux Léopard d’or au festival de Locarno, en Suisse, pour son premier film, Toxic, elle ne garde aucun souvenir. « C’était trop d’émotions pour moi, j’étais submergée », confie Saule Bliuvaite, vendredi 11 avril, attablée dans un café parisien. La cinéaste lituanienne âgée de 30 ans, heureuse d’être en tee-shirt après avoir quitté la neige à Vilnius quelques heures plus tôt, garde toutefois en mémoire la grande salle pleine lors de la projection en compétition officielle.
C’était la première fois que les deux jeunes actrices, Ieva Rupeikaite et Vesta Matulyte, découvraient le film dans lequel elles interprètent deux préadolescentes désœuvrées qui espèrent quitter leur environnement moribond grâce à un casting organisé par une agence de mannequins. Elle n’a eu de cesse de les regarder, craignant leurs réactions, mais tout s’est bien déroulé.
Saule Bliuvaite, née en 1994, a grandi à Kaunas, la deuxième ville de Lituanie, entre une mère physiothérapeute et un père agent de police. Autour d’elle, aucun artiste et peu de culture. Adolescente, elle aime diriger les jeux de ses camarades, écrit des poèmes, des nouvelles, peint. Et regarde en streaming des films d’horreur, des œuvres de Tarantino, des comédies. Le premier choc viendra vers 16-17 ans de sa découverte des films de Tarkovski et de Pasolini : « Ils allaient chercher autre chose chez le spectateur. Je me suis sentie soudain comprise. »
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