L’Inde est aujourd’hui la plus protectionniste des grandes économies, et elle l’était bien avant la récente hausse des droits de douane de Donald Trump. Généralement élevés, les droits de douane indiens dépassent 50 % pour de nombreux biens (produits agricoles, voitures, alcool…). Il y a peu, les autorités ont de surcroît introduit, sur un large éventail de biens, des barrières douanières non tarifaires arbitraires : les quality control orders ou « ordres de contrôle de la qualité ».
Pourquoi ce protectionnisme ? On serait tenté de répondre que la plupart des pays qui ont connu le joug colonial éprouvent une aversion naturelle et justifiée envers les capitaux et les produits étrangers, qui ont participé à leur appauvrissement. Ce serait oublier que bien d’autres pays victimes de la colonisation se sont hardiment lancés dans la mondialisation, dont ils ont fait un moteur de développement.
Le Mexique, par exemple, a profité de l’accord général sur les droits de douane et le commerce (GATT), qu’il a rejoint en 1986, puis de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) avec les Etats-Unis et le Canada, qu’il a conclu en 1992, pour poursuivre ses réformes économiques mais aussi politiques, et tourner la page du système du parti unique. En Asie, le Vietnam, qui a été dévasté par la France, ravagé au napalm par les Etats-Unis, puis envahi par la Chine, a promptement repris son élan et tiré parti de la mondialisation pour connaître une réussite économique fulgurante.
Changement de cap
L’expérience chinoise est encore plus frappante. En 2001, la Chine s’est engagée à ouvrir son économie lors des négociations d’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle a profité de cette dynamique pour réformer plus profondément le pays : elle s’est servie de la menace représentée par la concurrence étrangère pour démanteler les entreprises inefficaces et accentuer la pression concurrentielle sur les sociétés d’autres secteurs. Une politique inimaginable en Inde.
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