Un cliché de la photographe gazaouie Fatma Hassouna, décédée lors d’un bombardement israélien, a beaucoup circulé.
En se basant sur les résultats de détecteurs d’images par IA, beaucoup ont affirmé que celle-ci était fausse.
L’image se révèle en réalité authentique, mais sa qualité a été améliorée en utilisant un outil spécifique.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
Des médias ont-ils utilisés une photo créée de toute pièce pour illustrer la mort d’une photojournaliste à Gaza ? Fatima Hassouna, 25 ans, a été tuée le mercredi 16 avril dans un bombardement israélien de sa maison familiale. La jeune femme est l’héroïne du documentaire (nouvelle fenêtre) Put Your Soul on Your Hand and Walk, programmé en mai prochain au Festival de Cannes. Comme le rappelle Reporters sans frontières (nouvelle fenêtre), son décès s’ajoute à ceux de près de 200 journalistes tués en 18 mois de conflit.
Un cliché de la jeune femme a attiré l’attention de plusieurs utilisateurs, comme celui-ci (nouvelle fenêtre) ou celui-là (nouvelle fenêtre), se demandant si elle avait été générée par intelligence artificielle. En utilisant des détecteurs d’images créés par IA en ligne, certains ont même été affirmatifs, expliquant que l’image présentait plusieurs caractéristiques d’une image fabriquée : teint du visage trop lisse, écritures incohérentes sur l’appareil photo… certains (nouvelle fenêtre) vont jusqu’à affirmer que cette photo serait utilisée « pour glamouriser la com sur sa mort, en faire une sainte ».
Alors, IA ou pas ? La réponse s’effectue en deux temps. D’abord, l’image initiale de la photographe est bien réelle comme l’ont montré certains comptes sur X : on la retrouve sur la page d’un collectif de photographes gazaouis (nouvelle fenêtre)dès janvier 2025. On y voit le même appareil photo, sur lequel les inscriptions correspondent bien à ceux qu’on retrouve sur un modèle Canon 70-200. La peau de la photographe est beaucoup moins lisse, et surtout, la photo n’a pas une bonne résolution : simplement 500 pixels sur 500.
Pourquoi les deux images ont-elles l’air d’être les mêmes, à quelques différences près ? La photo de bien meilleure qualité, relayée par plusieurs médias, semble avoir été postée le 16 avril (nouvelle fenêtre), au matin de la mort de la jeune femme, par un autre photojournaliste gazaoui sur son compte Facebook. L’image comporte toutes les caractéristiques d’une photo restaurée et améliorée par un outil d’intelligence artificielle, appelée « upscaling » en anglais. Ces outils en ligne, parfois gratuits, permettent d’augmenter la résolution d’une photo en améliorant les pixels plus flous avec davantage de netteté. Problème de ces outils : ils ne sont pas parfaits, et peuvent remplir des pixels manquants avec des écritures incohérentes ou des formes illogiques.
L’équipe des Vérificateurs a contacté l’auteur supposé de cet « upscaling » pour vérifier s’il était à l’origine de cette modification, mais n’avait pas obtenu de réponse au moment de publier cet article. Nous avons également procédé nous-mêmes à une retouche de la photo de Fatima Hassouna avec un outil gratuit en ligne, qui a permis d’obtenir le résultat ci-dessous, similaire à celui vu dans les publications ces derniers jours.

Cet exemple montre donc la complexité de l’authentification d’images : la photo originale de Fatima Hassouni existe bien, et n’a pas été créée de toute pièce. Mais sa retouche probable avec un outil pour augmenter sa résolution a ajouté des artifices à la photo originale, la faisant passer pour une image créée par intelligence artificielle.
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