Hélène Perlant, la fille du Premier ministre François Bayrou, a révélé dans un entretien à « Paris Match » avoir été violentée durant un camp d’été organisé par la congrégation à laquelle appartenait Notre-Dame-de-Bétharram.
Elle raconte un passage à tabac réalisé par un abbé alors qu’elle avait 14 ans.
« Je suis restée 30 ans dans le silence » au sujet de cette agression, explique-t-elle.
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Violences et abus sexuels au collège-lycée de Bétharram
Un témoignage choc sur une affaire au cœur de l’actualité. Hélène Perlant, la fille de François Bayrou, s’est longuement confiée dans une interview accordée à Paris Match et publiée ce mardi 22 avril. Dans cet entretien, elle révèle avoir été frappée durant un camp d’été organisé par la même congrégation religieuse que celle à la tête de l’établissement scolaire Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques. De nombreuses victimes d’abus sexuels qui se sont produits dans ce groupe scolaire, notamment dans les années 90, sont sortis du silence ces dernières semaines pour évoquer leur histoire. Des dizaines de plaintes ont été déposées devant la justice.
Un « passage à tabac » à l’âge de 14 ans
Hélène Perlant évoque un lourd « passage à tabac » réalisé par un prêtre, l’abbé Lartiguet, alors qu’elle n’avait encore que 14 ans. « Un soir, alors qu’on déballe nos sacs de couchage, Lartiguet me saisit tout d’un coup par les cheveux, il me traîne au sol sur plusieurs mètres et me roue de coups de poing, de coups de pied sur tout le corps, surtout dans le ventre. Il pesait environ 120 kilos« , détaille la femme dans l’article de Paris Match. « Pour parler crûment, je me suis urinée dessus et suis restée toute la nuit, comme ça, humide et prostrée dans mon duvet.«
L’adolescente d’alors ne raconte rien de l’épisode à sa famille. « Je suis restée trente ans dans le silence« , explique-t-elle aujourd’hui. Mais cette prise de parole est désormais conjointe à celle de nombreux ex-élèves de Bétharram. Un livre intitulé Le silence de Bétharram sera publié ce jeudi 24 avril. Dans cet ouvrage rédigé par Alain Esquerre, l’un des fondateurs du collectif de victimes du pensionnat catholique, et la journaliste Clémence Badault, Hélène Perlant revient sur sa propre expérience douloureuse vécue dans ce camp d’été.
François Bayrou « n’a pas couvert », assure sa fille
Dans cet article, Hélène Perlant précise aussi n’avoir pas informé son père, François Bayrou, accusé par la gauche d’avoir été au courant de faits d’agressions au sein de l’établissement sans avoir réagi. Le Premier ministre a scolarisé plusieurs de ses enfants au sein de Bétharram, alors que son épouse y donnait des cours de catéchisme. Il a par ailleurs été ministre de l’Éducation nationale entre 1993 et 1997, au moment où les premières plaintes émergeaient. Des accusations fermement récusées par l’intéressé, qui jure n’avoir rien su du système d’abus mis en place dans l’établissement.
« Évidemment, on peut penser qu’il a eu toutes les infos« , admet Hélène Perlant dans cette interview. « Mais lui, comme les autres parents, était très, très intriqué politiquement, localement. Lui davantage. Mais je le mets au même niveau que tous les parents. » Elle estime que son père n’avait pas toutes les cartes en main pour imaginer ce qu’il se passait précisément à l’intérieur de Bétharram. « Je pourrais jurer qu’il n’a rien pu comprendre. Sinon, ce serait Dieu !« , assure-t-elle au magazine. « On ne peut pas comprendre ce système pervers, c’est quasi impossible, même nous de l’intérieur. Il n’a pas couvert, il est juste paumé au milieu de ce dispositif pervers parce qu’il est intriqué plus que les autres, en tant, à l’époque, que conseiller général puis ministre, parent d’élèves, catholique pratiquant.«
Au total, plus de 200 personnes dénoncent des agressions physiques et sexuelles au sein de l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram. Le 10 avril, la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, a annoncé le lancement d’une enquête administrative sur le groupe scolaire. Des investigations lancées après un contrôle du rectorat ayant conduit à la mise en cause d' »agissements de deux enseignants » qu’on « ne peut pas accepter« , avait-elle affirmé dans un entretien accordé à La Croix. Des « remarques blessantes et humiliantes » et des « moqueries en public » de manière « répété[e] et réguli[ère] » de la part de ces deux personnes ont été pointées par le rapport des inspecteurs diligentés sur place.