La Roumanie a fustigé, vendredi 25 avril, à une semaine de nouvelles élections, « une attaque judiciaire coordonnée » après le dépôt dans les tribunaux du pays de centaines de recours contre l’annulation de la présidentielle du 24 novembre. Depuis ce scrutin qui a vu la victoire surprise de Calin Georgescu, un candidat d’extrême droite quasi inconnu, après une campagne massive sur le réseau social TikTok, entachée de soupçons d’ingérence russe, le pays d’Europe orientale vit au rythme des soubresauts politiques.
Le premier tour a d’abord été annulé, puis cet ex-haut fonctionnaire a été écarté de la course, provoquant la manifestation de milliers de protestataires contre ce qu’ils qualifient de « coup d’Etat ». Dans ce contexte tumultueux, plus de 200 recours ont été enregistrés ces derniers mois, selon la Cour constitutionnelle roumaine, alors même que l’annulation est « juridiquement contraignante » et « ne peut être contestée ». Dans un communiqué, elle a insisté sur la nécessité de « rétablir, de toute urgence, l’ordre » face à ceux qui essaient de provoquer le chaos.
Tentatives de « discréditer » le système judiciaire
Toutes les procédures examinées ont été rejetées, à l’exception d’une seule jugée recevable cette semaine par la cour d’appel de Ploiesti, près de Bucarest − une décision qui a semé le trouble avant d’être retoquée vendredi par la Cour de cassation.
Derrière cette offensive se trouverait une ancienne magistrate, sympathisante de Calin Georgescu, d’après les médias roumains. Dans des vidéos virales publiées sur le réseau social TikTok, elle a donné des instructions expliquant la « stratégie » pour inonder les tribunaux et « trouver le juge » capable de rectifier le tir. « C’est une situation absolument inacceptable », a réagi le ministre de la justice, Radu Marinescu, auprès de l’Agence France-Presse, évoquant d’apparents « assauts judiciaires coordonnées » visant à « discréditer » le système judiciaire pour servir « des fins politiques ».
La Roumanie, pays membre de l’UE et de l’OTAN voisin de l’Ukraine, « est de nouveau victime d’une attaque hybride », s’est inquiété Crin Antonescu, le candidat de la coalition proeuropéenne au pouvoir. A l’inverse, le prétendant d’extrême droite George Simion, qui a pris le relais de M. Georgescu après son exclusion, a salué la décision symbolique du « courageux juge de Ploiesti ». Favori des sondages, il a appelé à se mobiliser pour le nouveau vote, prévu le 4 mai, avant un second tour le 18 mai.