Ho Chi Minh-Ville est à la fête : une mer écarlate de T-shirts, de casquettes et de fanions frappés de l’étoile jaune a déferlé dans les rues autour du Palais de l’indépendance, dont il y a tout juste cinquante ans, le 30 avril 1975, les chars nord-vietnamiens avaient défoncé le portail. A l’époque, c’était le siège de la présidence de la République du Vietnam et Saïgon en était la capitale. Depuis la veille, des familles entières, des groupes d’amis, des couples, smartphones dégainés, campent sur les trottoirs et le long des parcs pour capturer un moment des célébrations du cinquantenaire de la réunification des deux Vietnam.
Deux ans plus tôt, le 27 janvier 1973, les accords de Paris avaient mis un terme à la guerre entre la République démocratique du Vietnam, communiste (Nord) et les Etats-Unis, qui retirent leurs troupes de la République du Vietnam (Sud), sabrent leur aide financière et l’abandonnent finalement à son sort dans l’illusion d’une réunification future, pacifique et concertée. Le Nord, pourtant plus petit et moins bien armé, lance alors ses troupes à l’assaut du Sud – jusqu’à la chute, plus rapide que prévu, de Saïgon.
La « libération du Sud », comme le veut le récit communiste, est fêtée tous les dix ans, mais c’est la première fois qu’elle donne lieu à une parade militaire aussi élaborée dans la capitale économique du Vietnam communiste : un signe des temps, alors que plus de 60 % des 100 millions de Vietnamiens ont moins de 50 ans, et que s’est imposé au sommet du pouvoir un nouvel homme fort, To Lam.
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