Les autorités d’Oviedo, au nord de l’Espagne, ont arrêté un couple qui vivait reclus avec ses trois enfants de 8 et 10 ans depuis quatre ans.
Seul le père de famille avait un contact avec le monde extérieur, ne sortant que pour récupérer les courses et le courrier.
Les médias locaux racontent comment une voisine, une photo et des achats en ligne ont permis de mettre fin à ce calvaire.
Les scénaristes les plus prolifiques n’auraient pas pu imaginer chaque élément de cette sombre affaire. Les médias espagnols se font le relais d’une histoire affublée d’un glaçant surnom, la « maison de l’horreur ». En son sein ? Une famille de cinq personnes, dont trois mineurs qui n’ont pas quitté ses murs pendant quatre ans. Pas même pour aller dans le jardin. Les policiers qui ont procédé à l’interpellation des parents racontent que les enfants, des jumeaux de 8 ans et leur aîné de 10 ans, ont même été effrayés par un escargot.
La police est intervenue… au moment de la panne géante de courant
Personne ne s’était encore vraiment posé la question de savoir ce qui se jouait dans cette maison rose érigée à l’abri des regards, sans aucun nom sur la sonnette. Les nonnes vivant tout près assurent à El Mundo « n’avoir jamais rien vu ». Un propriétaire de plusieurs demeures à proximité se demande lui comment la situation a bien pu leur échapper.
« Rien ne paraissait étrange. Sans cette collaboration citoyenne, nous n’aurions jamais rien su », témoignent d’autres habitants auprès d’ABC (nouvelle fenêtre). Il aura fallu attendre le signalement d’une voisine auprès de la mairie d’Oviedo pour que l’enquête débute le 14 avril. L’élément clé ? Une photo montrant plusieurs visages d’enfants à une fenêtre alors que la ville n’avait qu’un seul habitant inscrit à son registre pour cette bâtisse.
Gracias a esta fotografía la Policía Local de Oviedo pudo rescatar a 3 niños de una casa de los horrores. Sus padres no les dejaban salir desde 2021. pic.twitter.com/Al9W4lEHIq — Alfonso Egea (@Alfonso_Egea) April 30, 2025
La police s’est ensuite intéressée aux achats effectués en ligne depuis cette adresse. Le procédé était à chaque fois le même. Le livreur était invité à déposer les courses sur le perron, un homme masqué venait les récupérer. Sauf que les montants des dépenses étaient bien trop élevés pour une personne censée vivre seule. Les forces de l’ordre ont fini par intervenir ce lundi avant d’être interrompues par la massive panne de courant qui a paralysé l’Espagne et le Portugal. Qu’à cela ne tienne, les officiers ont poursuivi « dans le noir », selon le chef de la police locale à ABC.
Le couple n’a opposé aucune résistance. Les enfants, qui portaient un masque chirurgical, se trouvaient au milieu des ordures et des excréments qui s’accumulaient dans la maison. Leurs lits étaient recouverts de dessins de monstres. Nourris convenablement, les trois bambins n’étaient pas scolarisés et n’avaient même aucune existence légale. Idem pour la mère, une Américaine naturalisée allemande âgée de 48 ans. Seul le père, un professeur de philosophie allemand de 53 ans, vivait légalement en Espagne. La chaîne Sexta (nouvelle fenêtre) rapporte que la famille a quitté l’Allemagne en octobre 2021 par crainte de perdre la garde des enfants.
La peur du Covid aurait dans la foulée pu pousser les parents à séquestrer leur progéniture, selon la police. De nombreux médicaments ont été retrouvés chez eux, ajoute ABC. El Mundo (nouvelle fenêtre)relate lui que la mère a demandé aux enquêteurs de faire « très attention » à ses enfants en les disant « malades ». Les examens réalisés à l’hôpital n’ont pourtant mis au jour aucune pathologique.
La presse espagnole multiplie les hypothèses pour tenter d’élucider ce sombre mystère, évoquant même le syndrome de Munchausen qui pousse les parents à simuler une maladie chez leurs enfants. La Sexta évoque aussi la présence d’une machine destinée à purifier à l’air dans cette maison comparée à un bunker. Accusé de maltraitances, le couple a été placé en détention provisoire. Les enfants, eux, sont entre les mains des services sociaux.