Les électeurs roumains étaient appelés aux urnes ce dimanche après l’annulation du premier tour de la présidentielle au mois de décembre 2024.
Selon deux sondages de sortie des urnes, George Simion recueille de 30 à 33% des suffrages.
Le candidat du parti nationaliste AUR est suivi de deux candidats pro-européens au coude à coude.
La tendance avait bel et bien été anticipée : le candidat a changé, mais l’extrême droite reste en tête, cinq mois après l’annulation choc du premier tour de la présidentielle. Ce dimanche, la Roumanie a confirmé dans un nouveau vote son virage nationaliste.
Le chef du parti AUR, George Simion, est crédité de 30 à 33% des suffrages, selon deux sondages sortie des urnes. Il est suivi de deux candidats pro-européens, très rapprochés avec chacun un peu plus de 20% des voix. « Ensemble nous avons écrit une page d’histoire aujourd’hui », a réagi le vainqueur dans un message vidéo diffusé au siège de son parti devant des partisans chantant « Dehors les voleurs, vive les patriotes ».
Un nouveau vote après des soupçons d’ingérence russe
Il sera cependant « probablement battu au second tour » le 18 mai, car il dispose de peu de réserves de voix, a commenté pour l’AFP le professeur de sciences politiques Sergiu Miscoiu, prédisant une course serrée. Onze prétendants au total briguaient un poste essentiellement protocolaire, mais influent en politique étrangère, dans ce pays membre de l’UE de 19 millions d’habitants devenu un pilier essentiel de l’Otan depuis l’invasion russe de l’Ukraine voisine.
La victoire surprise en novembre de Călin Georgescu, un ancien haut fonctionnaire accusé par ses détracteurs d’être favorable au Kremlin, avait inquiété dans l’ouest du continent et plongé la Roumanie dans la tourmente politique. La Cour constitutionnelle a invalidé le vote et exclu le sexagénaire de cette nouvelle course, après une campagne massive sur TikTok entachée de suspicions d’ingérence russe.
George Simion, un admirateur de Donald Trump
Il a été remplacé par M. Simion, 38 ans et quatrième à l’automne, et les deux hommes se sont affichés ensemble dimanche dans un bureau de vote de Mogosoaia, près de Bucarest. Pendant la campagne, George Simion a brandi sa jeunesse, sa rhétorique souverainiste et sa maîtrise de la plateforme TikTok pour espérer venger son désormais allié Georgescu.
Si le député nie toute inclination pour la Russie, il partage la même aversion pour « les bureaucrates bruxellois » et s’oppose à tout soutien militaire à Kiev. Sur les marchés ou à l’étranger, pour convaincre l’importante diaspora, ce fan de Donald Trump se rêve en « président MAGA » (Make America Great Again), slogan parfois affiché sur ses casquettes.
Qui sera face à lui au second tour ? Le suspense est entier tant l’écart est serré entre le candidat de la coalition gouvernementale pro-européenne, Crin Antonescu, et le maire de Bucarest, Nicusor Dan, qui a promis de lutter contre la « corruption ».
Plus loin derrière (autour de 15%), figure l’ancien Premier ministre social-démocrate Victor Ponta, qui avait misé sur un discours aux accents trumpistes teinté de références à Dieu.
Si George Simion accède au poste suprême, il a promis dimanche de « porter Călin Georgescu au pouvoir », évoquant trois options : « un référendum, des élections anticipées ou la formation d’une coalition au Parlement qui le nommerait Premier ministre ». Après l’annulation, décision rarissime au sein de l’UE, le scrutin était sous haute surveillance.