Le ministre indien des affaires étrangères a averti, jeudi 8 mai, que toute attaque du Pakistan susciterait « une réponse très ferme » de l’Inde, au lendemain de la confrontation militaire la plus grave entre les deux puissances nucléaires depuis deux décennies. Dans la nuit, de nouveaux échanges de tirs d’artillerie et d’armes légères ont eu lieu le long de la « ligne de contrôle », la frontière de facto qui sépare la région contestée du Cachemire entre les deux pays.
Mercredi, les deux pays ont échangé d’intenses tirs d’artillerie après une série de frappes indiennes sur le sol pakistanais visant le groupe accusé par New Delhi de l’attentat commis le 22 avril à Pahalgam, dans la région du Cachemire indien. Ces bombardements ont causé la mort d’une quarantaine personnes dans les deux camps, dont de nombreux civils.
Le premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a promis mercredi soir dans un discours à la nation de « venger chaque goutte de sang de ces martyrs », laissant présager d’autres opérations. Son ministre de la défense, Khawaja Muhammad Asif, a renchéri, affirmant que son pays « ne tarderait pas à régler ses comptes ».
« Camps terroristes »
Après les nouveaux tirs nocturnes, l’armée indienne a assuré dans un communiqué avoir répondu « de façon proportionnée » à des tirs pakistanais « non provoqués » qui l’ont visée dans plusieurs secteurs, sans faire état de victimes. De son côté, l’armée pakistanaise a accusé l’Inde d’avoir envoyé au moins treize drones sur son territoire, assurant en avoir « neutralisé douze ». « Un civil [a] été tué » et « quatre soldats ont été blessés près de Lahore », la grande ville frontalière de l’Inde, a ajouté le porte-parole de l’armée.
Les trois principaux aéroports du Pakistan, à Islamabad, à Karachi (sud) et à Lahore (est), ainsi que celui de Sialkot, une ville proche de la frontière indienne, seront fermés jusqu’à 15 heures (à Paris) « pour des raisons opérationnelles », a annoncé peu après l’Autorité de l’aviation civile.
Les deux voisins, rivaux depuis leur indépendance en 1947, étaient sur le pied de guerre depuis l’attaque qui a fait 26 morts à Pahalgam. Aussitôt après cet attentat, non revendiqué, New Delhi l’a attribué à Lashkar-e-Toiba (LeT), un mouvement djihadiste établi au Pakistan, et a accusé Islamabad de le soutenir – ce que le Pakistan a fermement démenti.
Comme le premier ministre indien, Narendra Modi, avait promis de le faire, l’armée indienne a riposté en détruisant neuf « camps terroristes » de ce mouvement. Son ministre de la défense, Rajnath Singh, a répété que ces frappes n’avaient visé que des « camps terroristes » soigneusement identifiés pour « éviter la population ou des secteurs civils ».
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Mais les missiles indiens qui ont plu sur six villes du Cachemire et du Pendjab pakistanais et les échanges de tirs qui ont suivi ont fait 31 morts et 57 blessés, selon l’armée pakistanaise. Un des porte-parole de l’armée a déclaré que les frappes indiennes avaient également endommagé un barrage hydroélectrique au Cachemire.
Appels à la retenue
Le Pakistan a aussi affirmé avoir « abattu cinq avions indiens » dans l’espace aérien de son voisin. L’Inde n’a pas officiellement commenté ces affirmations, mais une source sécuritaire indienne a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que trois chasseurs de son armée de l’air s’étaient écrasés, pour des raisons qui n’ont pas été immédiatement précisées.
L’Inde, de son côté, a recensé 12 morts et 38 blessés dans le seul village cachemiri de Poonch, cible de nombreux obus pakistanais jeudi.
Les propos tenus mercredi soir par le premier ministre pakistanais ont nourri les craintes de nouvelles opérations militaires. De nombreuses capitales étrangères ont renouvelé leurs appels à la retenue. « Je veux qu’ils arrêtent », a lancé le président américain, Donald Trump.
Reçu lundi par le gouvernement pakistanais, le ministre des affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, est attendu jeudi à New Delhi dans le cadre de ses efforts de médiation.