C’est une figure imposée de l’immédiat après-conclave : après une période où s’affichent les divergences de vues, il incombe au pape élu de rassurer quant à l’unité de l’Eglise. Le mode de scrutin lui-même, qui requiert une majorité des deux tiers, a été pensé pour éloigner l’ombre des schismes.
Ce souci peut se matérialiser jusque dans le choix du nom de règne. Jean Paul Ier, en 1978, avait choisi de réunir dans son nom ses deux prédécesseurs, Jean XXIII et Paul VI, dont les orientations éloignées avaient fracturé l’Eglise.
En choisissant le nom de Léon XIV, en référence à Léon XIII, le cardinal américain Robert Francis Prevost montre, quant à lui, l’importance qu’il accorde à la fibre sociale de l’Eglise. Mais il n’a pas manqué, lors de son intervention au balcon de la basilique Saint-Pierre, jeudi 8 mai, de rappeler : « Soyons unis, main dans la main… »
Si ce besoin d’unité se manifeste, c’est aussi un héritage du pontificat de François. Le pape argentin a été loué pour avoir incarné l’Eglise dans le monde avec une force peu commune. Mais sa gouvernance, solitaire, erratique, parfois autoritaire, a fait l’objet de critiques. Lors des congrégations générales qui ont précédé le conclave, des cardinaux ont explicitement demandé un mode de gouvernement plus collégial et exprimé un besoin d’apaisement. La réforme de la curie, lancée par François, devra aussi être menée à bien sans bousculer l’institution, au risque de favoriser inertie et sabotages.
Il vous reste 76.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.