La France s’apprête à franchir une étape historique avec l’examen en cours d’une proposition de loi sur la fin de vie qui prévoit, en plus du développement des soins palliatifs, l’ouverture du droit à l’aide active à mourir. Ce texte s’inscrit dans une dynamique d’évolution des mentalités de la société française : selon les nombreuses enquêtes réalisées depuis vingt ans, plus de 80 % des Français se déclarent favorables à une loi permettant à chacun de choisir sa fin de vie dans certaines conditions clairement définies.
Il reste au Parlement à débattre entre les deux formes d’aide active à mourir : le suicide assisté, où le geste létal est assuré par le malade lui-même, et l’aide médicale à mourir, qui fait intervenir directement le médecin. Il pourra soit voter pour l’une ou l’autre, soit offrir au malade le choix entre les deux possibilités. Rien n’est encore décidé.
Même si l’on s’en tient à la proposition de loi qui axe l’aide active à mourir sur le suicide assisté, le rôle du médecin restera important à plusieurs étapes : c’est lui qui précisera si la personne est pleinement consciente de sa décision, qui fera la prescription médicale et qui sera présent le jour choisi pour assurer la sécurité de l’acte, en lien avec les soignantes et les soignants. De plus, sa participation médicale directe sera nécessaire lorsque le malade n’est plus capable physiquement d’intervenir lui-même.
« Forte évolution du corps médical »
Si, pour certains médecins, cette participation est incompatible avec leurs convictions, pour d’autres, répondre à la demande des malades atteints d’affections graves et incurables, et qui désirent choisir leur fin de vie, s’intègre parfaitement dans leur éthique.
Il est difficile d’évaluer la proportion des uns et des autres tant que persisteront, sur la tête des médecins, deux menaces juridiques : la sanction pénale avec procès aux assises et le risque d’être exclu de la profession par le Conseil national de l’ordre des médecins. Or, les mentalités évoluent. Le 2 avril, au cours d’une réunion de la commission parlementaire, le docteur François Arnault, président du Conseil national de l’ordre des médecins, a rapporté les résultats d’une enquête inédite menée auprès des 3 500 conseillers ordinaux concernant leur rôle face à la fin de vie des malades.
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