Taxer les livres d’occasion afin de « contribuer à la rémunération de ceux qui feront les livres de demain » : telle est la proposition défendue par Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition (SNE), au Festival du livre de Paris, le 11 avril.
Le même jour, à l’occasion de la venue d’Emmanuel Macron à ce même festival, l’exécutif a évoqué la création d’un « droit de suite au droit d’auteur », qui s’appliquerait à chaque revente d’un même ouvrage. L’idée serait d’instaurer une contribution sur le marché du livre d’occasion, afin de préserver le prix unique du livre neuf et de mieux soutenir auteurs, éditeurs et traducteurs.
Malgré une intention louable, cette mesure risquerait non seulement de fragiliser un secteur en pleine croissance, en mettant en péril de nombreux emplois, mais aussi de restreindre l’accès à la lecture pour les publics les plus vulnérables, notamment les jeunes et les étudiants, sans garantie que les sommes collectées bénéficient réellement aux créateurs.
Une brèche juridique
Il est essentiel de rappeler que la rémunération des auteurs est déjà incluse dans le prix du livre neuf ; faire payer une deuxième fois pour un même ouvrage reviendrait à créer un précédent absurde, que l’on n’imaginerait pas appliquer à d’autres produits d’occasion. En instaurant une taxe, la France ouvrirait une brèche juridique incompatible avec les règles européennes. Soyons lucides : cette taxe ne peut pas voir le jour en l’état. Plutôt que de pénaliser les lecteurs et les acteurs de l’économie circulaire, des solutions plus équitables doivent être explorées.
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