Les élections à mi-mandat, aux Philippines, lundi 12 mai, ont rebattu les affiliations politiques, qui, dans cet archipel de 115 millions d’habitants, passent moins par les partis, à la géométrie fluctuante, que par les dynasties familiales dominantes du moment. Le scrutin de lundi, qui doit renouveler, outre des dizaines de milliers d’élus locaux, les 317 membres de l’Assemblée et la moitié des 24 sénateurs, est un combat de titans : il oppose le camp du président Ferdinand « Bonbong » Marcos, le fils du dictateur Marcos élu en 2022, à ses anciens alliés populistes, le camp de l’ex-président Rodrigo Duterte (2016-2022), incarcéré à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, aux Pays-Bas, depuis le 12 mars pour répondre de l’accusation de crimes contre l’humanité lors de sa « guerre contre la drogue ».
Les résultats préliminaires indiquent que les Durterte ont non seulement tenu le choc de l’arrestation du patriarche, mais que celle-ci pourrait bien constituer un cri de ralliement en leur faveur : l’ancien président, âgé de 80 ans, a été élu, depuis sa prison, maire de Davao, la grande ville de l’île de Mindanao, dans le sud des Philippines – soit son huitième mandat en trente-sept ans. Or, les exactions commises à Davao par Rodrigo Duterte contre ses opposants sous couvert de lutte contre le trafic de drogue avant son accession à la présidence, en 2016, figurent en bonne place dans le dossier des juges de La Haye. Le fief familial semble pourtant aujourd’hui imprenable : son fils, Sebastien Duterte, maire sortant, en a été élu vice-maire. Un autre fils et un petit-fils Duterte représenteront des districts de la ville à l’Assemblée. Les règles électorales n’autorisant que trois mandats de maire consécutifs de trois ans, les Duterte se relaient les uns les autres à ce poste depuis 1988.
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