Emmanuel Macron évoque un éventuel recours au référendum depuis son élection en 2017.
Un vieux serpent de mer que le président de la République n’a encore jamais mis à exécution.
Il pourrait être plus clair sur ses intentions ce mardi soir sur TF1 : il est l’invité exceptionnel de l’émission « Emmanuel Macron – Les défis de la France », à 20h10.
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« Emmanuel Macron – Les défis de la France » sur TF1 : le président de la République invité exceptionnel
« En 2025 nous continuerons de décider et je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets déterminants. Car chacun d’entre vous aura un rôle à jouer. » Voilà ce que déclarait le président de la République le 31 décembre dernier lors de ses vœux adressés aux Français. Quelques mois après la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections législatives qui lui ont fait perdre la majorité au palais Bourbon, Emmanuel Macron sortait une carte déjà maintes fois abattue au cours de ses deux quinquennats, celle de la consultation des Français. Aujourd’hui, c’est bien cette dernière hypothèse qui tient la corde, et qui pourrait voir le jour dans les prochains mois.
L’hypothèse est l’un des serpents de mer du macronisme. En juillet 2017, devant le Congrès réuni à Versailles, le chef de l’État ne s’était pas opposé à un recours au référendum pour valider des réformes des institutions appelées de ses vœux, notamment la réduction d’un tiers du nombre de parlementaires, la limitation des mandats dans le temps ou encore l’introduction d’une dose de proportionnelle à l’Assemblée nationale (qui ne verront finalement jamais le jour).
Un « bon mécanisme » qui ne « règle » pas « tout »
La rumeur avait ensuite couru, pas formellement démentie par l’Élysée, que le chef de l’État aurait pu organiser un référendum le jour des élections européennes en 2019, toujours sur des sujets institutionnels. Quelques jours plus tard, lors d’une rencontre avec des lycéens, Emmanuel Macron admettait que les citoyens avaient besoin de « s’exprimer plus directement », mais qu’il fallait encore trouver « le bon mécanisme » car le référendum ne « règle » pas « tout ».
En 2020, il ouvrait la porte à un référendum pour valider les propositions de la Convention citoyenne sur le climat (CCC). Il avait indiqué qu’il souhaitait, « sur quelques mesures, en appeler à un référendum, car c’est ce qui permettra de partager avec tout le monde la préoccupation sur le sujet ».
À la fin de cette même année, il annonçait qu’un référendum serait organisé pour intégrer la défense du climat et la préservation de l’environnement dans la Constitution si cette réforme était adoptée par le Parlement. « Ce sera une réforme constitutionnelle en un article » qui « doit d’abord passer par l’Assemblée nationale puis le Sénat et être votée en des termes identiques. Ce jour-là, elle sera soumise à référendum », disait le chef de l’État en conclusion d’une rencontre avec la Convention citoyenne pour le climat. Le recours au référendum pour « introduire les notions de biodiversité, d’environnement, de lutte contre le réchauffement climatique » dans l’article 1 de la Constitution est inclus dans les 149 propositions faites par les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat. Il avait finalement été abandonné par l’exécutif faute d’accord entre l’Assemblée nationale et le Sénat.
Un référendum promis aux forces parlementaires
En 2023, quelques jours avant les « rencontres de Saint-Denis » au cours desquelles il avait réuni l’ensemble des forces politiques du pays représentées au Parlement, Emmanuel Macron avait affirmé qu’il aurait « recours » au référendum sur certains projets qui émaneront de ces discussions. « Sortiront de ces travaux des décisions immédiates, des projets et propositions de loi, mais aussi des projets de référendums. » « Le référendum fait toujours partie des options qui peuvent être utilisées et je compte bien y avoir recours », avait-il insisté.
Aussi, à l’issue de la rencontre, estimant qu’aucun consensus ne s’était dégagé sur un sujet de référendum, il avait déclaré qu’il comptait faire aux chefs de partis une proposition « dans les semaines qui viennent » sur une simplification du recours au référendum, qu’il n’excluait pas d’utiliser sur le thème de l’immigration, et suggérait de les revoir à l’automne.
Une initiative largement plébiscitée
Aujourd’hui, à quelques heures d’une émission exceptionnelle diffusée sur TF1, au cours de laquelle il pourrait préciser ses intentions, le chef de l’État réfléchirait à plusieurs questions simultanées, sur des thèmes variés, pour dépassionner le recours à cet outil qu’aucun président n’a osé dégainer depuis 2005 et la victoire du « non » sur la Constitution européenne. Sont notamment évoqués les sujets du temps d’écran des enfants, de la fin de vie, d’une réforme territoriale ou encore d’une question sur l’immigration. Les Français sont très majoritairement favorables (83%) à l’organisation d’un référendum et placent l’économie, les retraites et l’immigration en tête des sujets sur lesquels ils aimeraient être questionnés, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié dimanche.
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a appelé mardi sur TF1 le chef de l’État « à prendre les Français au sérieux et à organiser un référendum sur l’immigration ». Mais s’il « nous sort un référendum sur le temps scolaire, ce sera considéré comme une manœuvre », a prévenu Marine Le Pen depuis l’Assemblée nationale. « Les référendums en France sont organisés pour des grands sujets (…) qui engagent l’avenir de la nation », a souligné la cheffe de file du parti d’extrême droite.