Le plateau du Théâtre de la Ville, à Paris, déborde. D’eau, d’élans, de courses, de hurlements, de baisers donnés, volés, arrachés ! C’est Vollmond, de Pina Bausch (1940-2009), et la pleine lune n’a jamais fait autant de merveilleux dégâts. Dégoulinants, les danseurs patinent, dérapent, rebondissent sur les fesses et éclaboussent pendant que des trombes de flotte tombent en continu. Ce déluge orgiaque de vitalité a soulevé les spectateurs, vendredi 9 mai, qui ont salué debout les 12 interprètes en criant leur admiration et leur plaisir devant une performance de folie et un chef-d’œuvre indélébile.
Vollmond, créé en 2006, trois ans avant la mort, d’un cancer fulgurant, de la chorégraphe allemande de génie, directrice du Tanztheater Wuppertal, est une merveille. Il provoque des sensations fortes et instables. Il sidère et réjouit non-stop pendant deux heures. Ce mélange galvanisant auréole cette pièce touffue d’un magnétisme persistant. Plein de surprises et de détails qui se chevauchent les uns les autres sans qu’on ait le temps de dire ouf, il file à fond sans lâcher l’accélérateur. Et lorsqu’on croit avoir atteint un pic, il décolle encore plus haut, atteignant une frénésie magique à s’en décrocher la mâchoire.
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