Dix jours après être devenu le 267ᵉ pape de l’Eglise catholique, Léon XIV a donné le ton de son pontificat, dimanche 18 mai au Vatican, en dénonçant une économie « qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres », devant des dizaines de milliers de personnes et un parterre de dirigeants étrangers venus assister à la messe d’investiture.
« A notre époque, nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de l’autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres », a déploré, dans son homélie, le premier pape américain, qui a vécu deux décennies dans une région déshéritée du Pérou.
Dix jours après son élection à la tête de l’Eglise catholique, il confirme ainsi l’orientation sociale qu’il entend donner à son action, après le choix de son nom de règne en hommage à Léon XIII (1878-1903), le père de la doctrine sociale de l’Eglise qui avait dénoncé l’exploitation des ouvriers à la fin du XIXe siècle.
Lors de cette messe solennelle riche en rites et symboles place Saint-Pierre, Robert Francis Prevost, élu le 8 mai, est apparu ému en recevant les emblèmes pontificaux : le pallium, bande d’étoffe qui se porte sur la chasuble, et l’anneau du pêcheur. Exprimant sa « gratitude », il a insisté sur « l’unité » de l’Eglise, appelant à « la charité » plutôt qu’à l’emprisonnement des « autres par la domination, la propagande religieuse ou les moyens du pouvoir ».

Avant la messe, le pape de 69 ans est allé en papamobile au contact des quelque 100 000 personnes réunies, selon les autorités italiennes, sur la place. Debout et souriant à bord du petit véhicule blanc, il a salué et béni la foule, qui l’a applaudi, certaines personnes criant son nom, d’autres agitant des drapeaux de leur pays d’origine.
Dirigeants étrangers et têtes couronnées
Le vice-président américain, J. D. Vance – dernier dirigeant à avoir rencontré le pape François, le 20 avril à la veille de sa mort –, était présent aux côtés du secrétaire d’Etat, Marco Rubio, ces deux responsables étant de fervents catholiques. L’élection de Léon XIV, natif de Chicago, a suscité un vif enthousiasme aux Etats-Unis, même s’il s’était opposé à la politique anti-immigration de l’administration Trump.
Le pape a aussi appelé à « construire un monde nouveau où règne la paix », un message à la résonance particulière alors qu’étaient présents les présidents ukrainien, Volodymyr Zelensky, qu’il doit recevoir en audience privée dimanche, et israélien, Isaac Herzog. A l’issue de la messe, il a d’ailleurs évoqué l’Ukraine « martyrisée » dans l’attente de « négociations pour une paix juste et durable », et Gaza, où « les enfants, les familles, les personnes âgées qui survivent souffrent de la faim ».
Parmi les autres dignitaires réunis sur la place Saint-Pierre figuraient le chancelier allemand, Friedrich Merz, le premier ministre français, François Bayrou, la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, ou encore la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Les têtes couronnées ne manquaient pas à l’appel, avec les souverains belges Philippe et Mathilde, espagnols, Felipe VI et Letizia, mais aussi monégasques, Albert II et Charlène.

Bien qu’aucun pape n’ait été couronné lors d’une messe d’investiture depuis Paul VI, en 1963, l’événement demeure grandiose et empreint de traditions. Après s’être recueilli devant le tombeau de saint Pierre, sous l’autel central de la basilique, le nouveau guide spirituel des catholiques, au nombre de 1,4 milliard, s’est rendu en procession jusqu’à la place pour la messe célébrée en plusieurs langues et retransmise en direct en mondovision.
Comme pour les funérailles de François, le 26 avril, les autorités italiennes avaient annoncé des mesures de sécurité renforcées avec 5 000 membres des forces de l’ordre et 2 000 volontaires de la protection civile déployés dans la capitale italienne. Des tireurs d’élite, des plongeurs, une couverture aérienne de l’armée de l’air et des opérations antidrones étaient également mis en place.
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Au cours de sa première semaine en tant que pape, Léon XIV a profité de ses audiences pour lancer ses premiers appels, de la libération des journalistes emprisonnés à la proposition de médiation aux belligérants du monde entier. Devant le corps diplomatique vendredi, il avait insisté sur son engagement social et appelé à lutter contre les « inégalités mondiales » et les « conditions de travail indignes », tout en défendant une vision de la « famille fondée sur l’union stable entre un homme et une femme ».