Dans la construction, la demande en bois ne cesse d’augmenter en France.
Par sa dureté et sa capacité thermique, ce matériau ne séduit plus seulement les particuliers.
Les entreprises et les collectivités locales optent aussi pour cette matière plus légère et tout aussi solide que le béton ou le métal.
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Le 20H
Pour sa nouvelle maison, Jonathan voulait une chose : qu’elle soit réalisée en ossature bois. Près de 250 m², un investissement que cet ancien habitant d’une maison en béton compte amortir dans le temps. « La dureté de vie sur le bois, c’est 400 années minimum. Et question thermique, niveau chauffage, on consommera beaucoup moins par rapport à du béton », assure-t-il dans le reportage en tête de cet article.
Pour ces raisons, le matériau ne séduit plus seulement les particuliers. En témoigne, le futur centre sportif et culturel de la commune de Hœrdt, dans le Bas-Rhin. Coût des travaux, 11 millions d’euros pour 2.000 m² d’espace, inaugurés dans quelques mois. « On est dans des coûts identiques au traditionnel. Il y a 15 ans, on n’aurait pas choisi le bois », assure le maire de la commune, Denis Riedinger. Et dans le département, ce type de construction est en plein essor, que ce soit pour la construction d’un centre sportif, d’une école ou d’un planétarium.
Un outil pour décarboner la construction ?
Une hausse de la demande qui profite aux entreprises spécialisées dans ces ouvrages, comme celle de Thomas Velty. Moog bâtisseur bois vient d’être rachetée par un géant du béton, poussé par la demande et par de nouvelles réglementations qui imposent d’alléger l’empreinte carbone dans le bâtiment. « 30% des émissions de gaz à effet de serre viennent du monde de la construction. Donc l’enjeu maintenant, pour tous les acteurs, c’est de décarboner », explique Thomas Velty, le directeur général de l’entreprise.
Un matériau plus propre et un atout pour la construction. « Un mur béton va être réalisé sur un chantier. Un mur en ossature bois est réalisé ici, dans le hall de production. On pense qu’on va deux fois plus vite », assure le professionnel. Un gain de temps et d’argent, si bien qu’à l’arrivée, le prix est moins cher ou équivalent à celui d’une construction en béton. Un argument pour les entreprises du secteur qui se développent et innovent.
L’une d’entre elles, en Haute-Loire, a même investi son chiffre d’affaires annuel dans un site de 25.000 m² qui doit employer, à terme, 85 personnes. Dans cette usine, on ne fabrique pas n’importe quel type de mur en bois : on élabore le métal de demain. Le site est ainsi la première usine d’Europe de l’Ouest destinée à fabriquer du LVL, un bois transformé particulièrement résistant. « On utilise des plaquages pour fabriquer du LVL, aussi solide que du métal et cinq fois plus léger », assure Mathieu Robert, directeur général de Thébault LVL.
« Si on passe de 10% de parts de marché au bois, à demain, 20-25%, on aura besoin d’usines comme celle-là pour approvisionner les chantiers », défend le professionnel qui vante un bois directement issu des forêts françaises. Car dans l’Hexagone, la ressource ne manque pas : chaque année, la forêt produit 90 millions de mètres cubes de bois. Moins de la moitié, 40 millions sont récoltés. On estime même que 12 millions de mètres cube en plus pourraient être prélevés sans compromettre le renouvellement de la forêt française.
L’enjeu du recyclage
D’autant qu’il n’est pas forcément nécessaire de couper plus de bois pour répondre à la demande. Dans le Haut-Rhin, la scierie Schilliger bois de Volgelsheim a développé une technique pour utiliser même les planches qui comportent des défauts. Le tout, grâce à un scanner à plus d’un million d’euros. « On découpe uniquement la partie où se trouve le défaut dans la planche et on garde le reste. Avec le même nombre d’arbres, nous allons pouvoir fabriquer beaucoup plus de produits », affirme son directeur général, Guillaume Wermelinger.
Les chutes qui servaient auparavant au bois de chauffage peuvent désormais être utilisées avec une hausse de production estimée entre 5 et 30%. Soutenue par un recyclage de plus en plus efficace. « Par exemple, ici, les murs en bois sont taillés et les chutes sont réemployées pour fabriquer des panneaux en fibre de bois », montre encore Guillaume Wermelinger. Une matière qui se renouvelle en permanence. Même démolie dans 50 ou 100 ans, votre habitation en bois pourrait servir pour l’éternité.