Les échanges se tendent entre le gouvernement israélien, qui a annoncé, lundi 19 mai, son intention de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza, et une partie de la communauté internationale qui appelle à l’arrêt de l’offensive militaire de l’Etat hébreu dans le territoire palestinien.
Dans une déclaration commune, le président français, Emmanuel Macron, et les premiers ministres britannique et canadien, Keir Starmer et Mark Carney, ont prévenu qu’ils ne resteraient « pas les bras croisés » face aux « actions scandaleuses » du gouvernement de Benyamin Nétanyahou dans la bande de Gaza, menaçant de « mesures concrètes » s’il ne cesse pas son opération militaire et ne débloque pas l’aide humanitaire.
Tout en reconnaissant le droit d’Israël à se « défendre » contre « le terrorisme » et en demandant « au Hamas de libérer immédiatement les derniers otages qu’il retient si cruellement depuis le 7 octobre 2023 » – date de l’attaque meurtrière du mouvement palestinien sur le sol israélien qui a déclenché, en riposte, la guerre dans l’enclave palestinienne –, les trois dirigeants estiment que l’escalade menée par les autorités israéliennes est « totalement disproportionnée ».
« Nous sommes déterminés à reconnaître un Etat palestinien en tant que contribution à la réalisation d’une solution à deux Etats et nous sommes prêts à travailler avec d’autres à cette fin », affirment-ils dans ce texte commun, en référence notamment à la conférence prévue en juin aux Nations unies « pour dégager un consensus international autour de cet objectif ».
« Une immense récompense » au Hamas
En réponse, le premier ministre israélien a fustigé, lundi soir, cette condamnation. « En demandant à Israël de mettre fin à une guerre défensive pour notre survie avant que les terroristes du Hamas à notre frontière ne soient détruits et en exigeant un Etat palestinien, les dirigeants de Londres, Ottawa et Paris offrent une immense récompense pour l’attaque génocidaire contre Israël du 7-Octobre, tout en encourageant de nouvelles atrocités de ce genre », a réagi M. Nétanyahou, dans un communiqué.
Lundi, la défense civile de Gaza a fait état de la mort de 91 personnes tuées à travers l’enclave assiégée par Israël depuis plus de dix-neuf mois. « Les combats sont intenses et nous progressons. Nous prendrons le contrôle de tout le territoire » de Gaza, a affirmé Benjamin Nétanyahou, après que l’armée a annoncé de « vastes opérations terrestres » dans l’enclave.
L’armée israélienne, qui affirme viser des « cibles terroristes », a appelé à l’évacuation de secteurs du sud de la bande de Gaza, dont Khan Younès, en vue d’une « offensive sans précédent ». A pied, à vélo ou à bord de charrettes tirées par des ânes, hommes, femmes et enfants ont quitté Khan Younès emportant quelques effets personnels, des bidons d’eau, des couvertures et des bassines, après l’ordre d’évacuation.

Une reprise limitée de l’aide humanitaire
Israël bloque également l’aide humanitaire depuis le 2 mars, ce qui a poussé 22 pays – dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada – à exiger d’Israël une « reprise complète de l’aide à Gaza, immédiatement ». La population de Gaza « fait face à la famine », souligne leur communiqué commun.
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
Avançant des « raisons diplomatiques », M. Nétanyahou a dit qu’Israël autoriserait l’entrée d’une « quantité de base de nourriture ». Il a expliqué que des pays « amis » lui avaient affirmé ne plus pouvoir soutenir la poursuite de la guerre si des « images de famine de masse » se répandaient.
« Une goutte d’eau dans l’océan », a réagi le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, après l’entrée, selon Israël, de cinq camions des Nations unies transportant de l’aide humanitaire, dont de la nourriture pour bébés. « C’est de la poudre aux yeux, c’est une façon de dire : “Oui, on fait rentrer de la nourriture”, mais c’est presque symbolique », a dénoncé Claire Nicolet, de Médecins sans frontières.
« Deux millions de personnes sont affamées » dans la bande de Gaza, alors que des « tonnes de nourriture sont bloquées à la frontière », a déploré, de son côté, l’Organisation mondiale de la santé.
Tout en proclamant son intention de poursuivre la guerre, M. Nétanyahou s’était dit ouvert, dimanche, à un accord incluant la fin de l’offensive militaire, mais sous condition de l’« exil » du Hamas et du « désarmement » du territoire. Le mouvement islamiste palestinien, qui avait fait état de négociations indirectes avec Israël à Doha, a jusque-là rejeté de telles exigences, réclamant pour libérer les otages la fin de la guerre et un retrait total israélien de l’enclave palestinienne.
Après trente-huit ans d’occupation, Israël s’est retiré unilatéralement de la bande de Gaza en 2005. Il y a imposé ensuite un blocus après sa prise par le Hamas en 2007.

Écouter aussi Comment Israël compte-t-il occuper la bande de Gaza ?