Le député Place publique (parti coprésidé par Raphaël Glucksmann) Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne à Matignon et ancien ministre de la santé, a reconnu, mardi 20 mai, « une erreur d’appréciation » sur l’affaire des eaux minérales naturelles traitées, affirmant néanmoins qu’il n’y avait « pas de scandale sanitaire ».
« Quand on fait le retour en arrière et quand on voit la situation aujourd’hui, il vaut mieux être clair et admettre, oui, une erreur d’appréciation », a dit sur France Inter celui qui fut le premier collaborateur d’Elisabeth Borne entre mai 2022 et juillet 2023, avant de devenir ministre de la santé jusqu’en décembre de la même année. « C’est grave parce que c’est les consommateurs qui ont payé l’addition, mais ils n’ont pas payé l’addition sur leur santé », a-t-il insisté.
L’affaire des traitements illicites utilisés pour certaines eaux minérales, révélée par Le Monde et Radio France en janvier 2024, a fait l’objet d’une « dissimulation par l’Etat » relevant d’« une stratégie délibérée », a accusé lundi, dans son rapport, la commission d’enquête sénatoriale sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille.
« Technocrates maboules »
« Moi, quand je suis saisi en tant que directeur de cabinet, on me dit [qu’en] 2021 Nestlé est venu voir l’Etat et lui a dit “nous appliquons des traitements sur l’eau dont on sait qu’ils sont illégaux, laissez-nous du temps” », a raconté mardi Aurélien Rousseau. « Ce qui est sûr, c’est qu’en 2025 Nestlé n’est pas encore rentré dans les clous, donc aujourd’hui ne devrait pas avoir le droit à cette appellation “eau minérale” », a-t-il ajouté.
Mais, a-t-il nuancé, « si, en 2022, Nestlé étant venu voir les autorités et [sachant] qu’il n’y avait aucun risque sanitaire, on avait décidé de dire “ah ben tiens, c’est terminé, vous n’êtes plus eau minérale”, je pense que Nestlé aurait sans doute dit ; comme ils le disent aujourd’hui : “On va fermer ces sources” ». En conséquence, « on nous aurait traités de technocrates maboules », a-t-il estimé, au vu des risques que cela faisait peser sur l’emploi. Aujourd’hui, a-t-il estimé, Nestlé doit « rendre des comptes, y compris devant la justice, en matière de tromperie commerciale ».
Plus sévère, le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, s’est indigné des « interférences » du gouvernement « avec les industriels qui interviennent directement auprès de l’Elysée ». « C’est scandaleux, la justice doit s’en saisir », a-t-il déclaré sur RTL.