Ce devait être une journée de travail comme une autre, sur la plateforme pétrolière offshore de Becuna, au large des côtes gabonaises. Elle a tourné au cauchemar avec l’un des accidents les plus meurtriers de l’histoire récente de l’industrie pétrolière. Le 20 mars 2024, dans l’après-midi, une forte explosion suivie d’un incendie provoqué par une remontée de pétrole et une fuite de gaz dévaste une partie de ce site exploité par le groupe franco-britannique Perenco. Six employés qui participent à une opération de maintenance – quatre Gabonais, un Camerounais et un Français d’une trentaine d’années – sont tués.
Dans un rapport que Le Monde a pu consulter, l’Environmental Investigation Agency (EIA), une organisation non gouvernementale d’enquête sur les enjeux environnementaux, pointe la responsabilité de Perenco dans ce drame. D’après ce document sans concession, « deux semaines avant l’explosion, deux dangereuses remontées de pétrole s’étaient produites sur la plateforme », où « des équipements de sécurité essentiels qui auraient pu empêcher l’explosion faisaient défaut ».
Les auteurs du rapport relèvent aussi d’autres manquements. D’après eux, « l’explosion a également été causée par une culture de travail toxique et par la pression considérable que les cadres du groupe basé à Paris et Londres exercent sur les travailleurs afin que la production se maintienne à tout prix ».
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