Alors que la tripartition de la vie politique française aurait dû permettre au Parlement de retrouver sa centralité dans la vie institutionnelle du pays, l’une de ses chambres, l’Assemblée nationale, s’est transformée en une « Assemblée spectacle », selon l’expression de Yann Algan, Thomas Renault et Hugo Subtil : le débat rationnel et argumenté cède désormais la place à une « rhétorique émotionnelle » qui privilégie la colère, l’indignation et les prises de parole formatées pour les réseaux sociaux.
A de trop rares moments, pourtant, cette Assemblée « polarisée » est capable de produire – sur certains sujets et sous certaines conditions – des compromis utiles. Ce fut notamment le cas avec la proposition de loi transpartisane contre les déserts médicaux, émanant d’un groupe de travail composé de parlementaires de droite, de gauche et du centre, et dont nous nous étions fait l’écho dans ces mêmes colonnes. Au-delà d’un accord sur le fond, notre soutien portait aussi sur la méthode.
Si l’Assemblée nationale doit permettre l’expression des rapports de force et des divergences politiques (traditionnellement entre la majorité et l’opposition), elle doit également permettre la recherche du compromis et la fabrique du consensus, notamment en situation de majorité relative, comme c’est actuellement le cas. En particulier sur des sujets majeurs tels que la santé, le climat, les finances publiques ou encore l’immigration, pour lesquels les Français apparaissent moins divisés que leurs représentants – comme le prouvent les expériences de délibération citoyenne telles que la convention citoyenne pour le climat.
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