Qu’aurait pensé le physicien américain Richard Garwin, mort le 13 mai à Scarsdale (Etat de New York), à l’âge de 97 ans, du « dôme d’or », le projet de bouclier antimissile annoncé le 20 mai par le président Donald Trump ? En 1968, avec le Prix Nobel Hans Bethe (1906-2005), il s’était prononcé contre le développement d’un tel système, que les deux hommes jugeaient inutile et coûteux, et il avait ensuite vigoureusement critiqué le projet de « guerre des étoiles » de Ronald Reagan. Concepteur, à l’âge de seulement 23 ans, de la première bombe à hydrogène, testée le 1er novembre 1952 dans les îles Marshall, Richard Garwin était devenu une figure du contrôle des armes nucléaires et un avocat du désarmement, aux côtés notamment du mouvement Pugwash, rassemblant des scientifiques du monde entier pour la promotion d’un usage pacifique des sciences.
Qualifié par son biographe, Joel Shurkin, de « scientifique le plus influent dont vous n’avez jamais entendu parler », Richard Garwin est longtemps resté discret, même envers ses proches, sur son rôle de conseiller des présidents américains, de Dwight Eisenhower à Barack Obama, et sur son implication dans la mise au point de la bombe H. Elle n’avait été révélée qu’en 2001, à la suite de déclarations à caractère testamentaire d’Edward Teller (1908-2003), qui avait été chargé par le président Harry Truman de construire une telle arme. Dans un entretien donné en 2024 à Spectrum, la revue de l’IEEE, la principale société savante mondiale d’ingénierie, Garwin estimait que la mission qui lui avait été confiée tenait plus du défi que d’une marque de confiance.
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