Alors comme ça, les Français lisent moins de livres. Et pas qu’un peu. Le décrochage serait violent, annonçant rien de moins que la mort de la littérature, nous apprend une étude publiée en avril, provoquant surprise et inquiétude. Mais voilà, ça fait trente ans qu’on lit moins de romans, de biographies ou d’essais, et pas seulement en France, et la réalité est que tout le monde s’en fiche – c’est ça qui est stupéfiant.
Ce baromètre « Les Français et la lecture », réalisé tous les deux ans par Ipsos pour le Centre national du livre, s’inscrit dans un rituel déprimant. Celui de quatre enquêtes en quarante ans (la dernière en 2018), du ministère de la culture, visant à cerner les pratiques culturelles des Français de 15 ans et plus. En 1988, 73 % des Français lisent au moins un livre par an en dehors de l’école et du travail. Ils sont 62 % en 2018 et 48 % aujourd’hui. Et puis cette bascule, qui ne sent pas bon : il y a trente ans, les gros lecteurs étaient jeunes ; aujourd’hui, ils sont vieux et, quand ils meurent, leurs successeurs n’ont pas la même soif de romans.
Trois facteurs tout frais dessinent même la fin d’un monde, constate Régine Hatchondo, directrice du Centre national du livre. Quand les 15-19 ans en arrivent à passer trente-cinq heures et plus par semaine sur leur écran en dehors de l’école, il n’y a plus vraiment de temps pour un roman. Les jeunes qui trouvent ce temps restent actifs sur leur smartphone, ce qui ne présage rien de bon. Et les vieux, vivier des gros lecteurs – 30 à 50 livres par an –, lisent moins désormais.
Il vous reste 74.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.