Les représentants des chauffeurs de taxi sont attendus, samedi 24 mai, au ministère des transports en présence du premier ministre, François Bayrou, pour tenter de trouver une issue au conflit qui dure depuis bientôt une semaine en raison d’une nouvelle convention régissant le transport de patients.
L’intersyndicale des chauffeurs de taxi a lancé une mobilisation, lundi 19 mai, pour protester contre ce projet qui prévoit une unification des tarifs, aujourd’hui hétérogènes selon les départements. Le nouveau système reposera sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance-maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs.
Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire, qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (une augmentation de 45 % depuis 2019).
Le remboursement des transports de patients sur prescription est une activité essentielle dans le chiffre d’affaires de certains chauffeurs de taxi. D’après le directeur général de l’Assurance-maladie, Thomas Fatôme, « la très grande majorité des taxis seront gagnants avec ce nouveau modèle, car il s’appuie sur une logique de transporter davantage de patients ».
Le gouvernement ne compte « pas faire machine arrière »
Parmi les manifestants, certains ont expliqué que la nouvelle grille tarifaire leur ferait perdre une part substantielle de leur chiffre d’affaires. Yves Rubicondo, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui réalise 95 % de son chiffre d’affaires avec l’Assurance-maladie, pense perdre 25 % à 30 % de celui-ci.
« Ce que la CNAM [Caisse nationale d’assurance-maladie] propose est viable, mais on ne peut pas tout faire d’un coup. Pour moi, c’est − 60 % de chiffre d’affaires ! », expliquait vendredi un taxi de la région lyonnaise venu manifester devant la gare du Nord, à Paris.
Les taxis demandent le retrait de la convention de la CNAM et la nomination d’un médiateur. Mais le gouvernement a déjà assuré, vendredi, qu’il ne comptait « pas faire machine arrière ».
Tout au long de la semaine, des milliers de taxis ont manifesté, participé à des opérations escargot ou mis en place des blocages près de gares et d’aéroports pour se faire entendre. A Paris, la contestation s’est concentrée boulevard Raspail, non loin du ministère des transports, où concerts de klaxons et feux d’artifice ont rythmé la semaine.
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La situation s’est tendue à plusieurs reprises avec les forces de l’ordre et quatre manifestants parisiens ont été poursuivis. Les organisations de taxis ont aussi pris pour cible les voitures de transport avec chauffeur (VTC) ; leurs conducteurs, qui travaillent avec des plateformes comme Uber ou Bolt, sont accusés de concurrence déloyale et de pratiques irrégulières.
Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qui a dans ses missions la régulation des taxis, a d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des VTC. Dans un télégramme adressé jeudi aux préfets et consulté par l’Agence France-Presse (AFP), le ministre de l’intérieur met en exergue « les incidents récurrents » des derniers mois qui « démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC ».
En cause, selon M. Retailleau, « des pratiques irrégulières de la part des VTC et la présence de faux professionnels sur la voie publique ». Le ministre a demandé que les forces de l’ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pour exercice illégal du métier de taxi, prise en charge sans réservation et défaut d’inscription au registre VTC.